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29.08.05 Les vols habités vus par EADS SPACE Transportation
 
Le développement d'un lanceur réutilisable implique la conception et la mise au point de plusieurs technologies innovantes ainsi que la maîtrise des phases de rentrée atmosphérique et d'atterrissage. Mais paradoxe, la partie la plus délicate dans la définition et la construction d'un engin de ce type n'est pas la partie spatiale, mais bien la partie aérienne, là où le futur vaisseau doit se comporter comme un avion. La meilleure illustration de ces difficultés est bien la navette spatiale américaine.

Il est certain que dans le domaine des vols habités et de la rentrée atmosphérique l'Europe accuse un certain retard face aux Russes, aux Américains et, dans une moindre mesure aux Chinois. Mais elle ne part pas de zéro.

 
 
Ariane 5, Columbus et Hermes

Souvenez-vous, en 1987, 1 an après la perte de Challenger, l'Agence spatiale européenne décidait d'ouvrir la voie à l'autonomie européenne en matière de vols habités et lançait le développement d'Ariane V, européanisait le projet français d'avion spatial Hermes et du laboratoire Colombus. Si l'on sait ce qu'il est advenu des ambitions européennes dans le domaine des vols habités, le lanceur et le laboratoire scientifique existent toujours, Columbus devant être lancé par une navette en 2006.

 
 
L'avion spatial Hermes


Le projet Hermes a été abandonné en 1992 et la société EuroHermes, en charge de son développement, dissoute en 1993. Ce qui a manqué au programme Hermes, ce n'est pas tant une incapacité des pays membres de l'ESA à débloquer les fonds nécessaires qu'un manque de détermination résultant d'une situation politique à pôles et intérêts multiples ruinant systématiquement une ambition pourtant réelle.

D'une masse totale de 22 tonnes pour une envergure de 9,4 m et une longueur totale de 14,5 m, Hermes devait être lancé par une version pas si éloignée de la version générique d'aujourd'hui. Il devait être monté sur l'étage cryotechnique central équipé de deux propulseurs à poudre. L'avion spatial aurait alors assumé toutes les fonctions de la case à équipements en assurant la commande et le contrôle du composite.

 


Crédit ESA

 
 
D'ARD à Huygens

Des études exploratoires ont continué d'être menées et certaines d'entre elles ont donné naissance à des projets concrets, comme par exemple le démonstrateur de rentrée atmosphérique ARD, lancé en octobre 1998 ou la participation de l'Europe au programme de développement du X-38, un démonstrateur qui devait préfigurer le véhicule de secours des équipages (CRV) de l'ISS. Bien qu'abandonné en 2001 par la NASA, l'ESA était impliquée notamment dans la conception du nez du X-38.

Mais surtout, la formidable descente de Huygens (notre dossier) dans l'atmosphère de Titan et son atterrissage sur sa surface ont démontré les capacités de l'Europe à concevoir un bouclier thermique capable de s'affranchir des conditions propres à l'atmosphère de Titan.

Note

Lire notre interview de P. Plotard, Directeur des programmes d'exploration planétaire et de rentrée atmosphériques chez EADS Space Transportation, qui répond à nos questions sur le bouclier thermique de Huygens.

 
 
Concepts de démonstrateurs de vol

Aujourd'hui, EADS Space Transportation s'est engagé dans une stratégie visant à développer plusieurs démonstrateurs chargés d'explorer une phase de vol bien définie. Le but ultime n'est pas de concevoir un futur vaisseau habité, mais plutôt de préparer la prochaine génération de lanceurs européens destinés à succéder à Ariane 5 à l'horizon 2020. Parmi les projets envisagés de vecteurs entièrement ou partiellement réutilisables, on remarquera PRE-X, un démonstrateur pour une rentrée "chaude" à grande vitesse, et Phoenix, un prototype d'atterrisseur préfigurant Hopper. Ensemble, ces concepts ont la particularité de valider certaines technologies nécessaires à tout véhicule spatial habité.

Si Phoenix est un programme maintenant arrêté, il a rempli ses objectifs en ayant volé plusieurs fois en 2004, on étudie chez EADS ST la possibilité de le motoriser de façon à passer à l'étape suivante en lançant le développement de Hopper, un concept de lanceur suborbital.


Pre-X, le démonstrateur de rentrée hypersonique

Initié par le CNES, Pre-X est un véhicule destiné à démontrer, pour la 1ère fois en Europe, la maîtrise de la rentrée atmoPre-X, le démonstrateur de rentrée hypersonique sphérique planée, c'est-à-dire à la manière d'un avion. Cette technique, déjà employée par les Américains avec la navette, représente une phase clé du vol dans la perspective des lanceurs futurs et aura des applications dans le domaine des lanceurs, des vols habités, de l'exploration planétaire ou de l'exobiologie. Financé par le CNES il doit être européanisé par l'ESA dans le cadre du Future Launcher Preparatory Program (FLPP).

Pre-X doitdémontrer la maturité de technologies réutilisables comme la protection thermique, valider le système de guidage et de contrôle par volets et caractériser les phénomènes aérothermodynamiques associés. Enfin, il s'agit également de tester les nouveaux processus de mesure en vol pour les démonstrateurs futurs de seconde génération. Son premier vol est prévu à l'horizon 2008.

Pre-X est un engin de 4 m de long et pèse 1,5 tonnes. Son premier vol est prévu vers 2008. Il sera lancé par un lanceur russe et sera injecté sur une trajectoire suborbitale impliquant des conditions de rentrée à 120 km, une vitesse de 7700 m/s et une inclinaison de -1,5°. Le véhicule sera récupéré après son amerrissage dans le Pacifique nord ou à Hawaii

Phoenix

Phoenix est un programme de l'Agence spatiale européenne lancé dans le cadre de FESTIP. Il s'agit d'un démonstrateur préfigurant Hopper, un concept ambitieux de système de transport spatial réutilisable économique.

Phoenix est un modèle d'Hopper construit à l'échelle 1/7. C'est un engin d'un peu moins de 7 m, d'une envergure de 3,9 et d'un poids de 1.200 kg. Il doit valider la faisabilité de Hopper et explorer au mieux les phases critiques du lancement et de l'atterrissage. Il sert à acquérir des données d'attitude d'atterrissage et de vol réel qui ne peuvent pas être simulées.

Notre article du 11.05.04 : Phoenix reussit son essai en vol


 

Vol d'essai de Phoenix en mai 2004
Crédit
EADS SPACE Transportation/ Peter Degerfeldt, Blue Sky AB


  Hopper

Hopper n'est pas un système de transport d'équipage mais il est conçu pour transporter des charges utiles pesant jusqu'à 7,5 tonnes. Cet engin de 50 m pour une envergure de 27 m est doté d'un haut degré de réutilisation sera doté de technologies également validées pour le vol habités.

Hopper décollera horizontalement et emportera un étage supérieur comprenant la charge utile. Il sera lancé sur un chariot coulissant sur un rail de 4 km. A une altitude d'environ 130 km, le lanceur réutilisable se séparera de son étage supérieur qui acheminera la charge utile vers son orbite. Quant à Hopper, il redescendra sur terre en vol plané et se posera comme un avion.

 
 
Le module de mission du CEV de Lockheed Martin

Enfin, EADS Space Transportation a été choisie par la firme américaine Lockheed Martin pour son projet de Véhicule d'exploration avec équipage (CEV) qui doit remplacer les navettes spatiales d'ici 2010-2014. EADS ST sera en charge du module de mission. Le module de mission sera conçu et réalisé par EADS Space Transportation, qui profite ici de l'expérience acquise pour le laboratoire Columbus et du véhicule de transfert automatique (ATV) qui vont rejoindre la station spatiale internationale, mais également du mini-module logistique pressurisé italien qui reprend l'architecture de l'ATV.

Ce module de mission est dérivé de l'ATV. Sa masse cumulée avec celle de l'ensemble propulseur sera de 20 tonnes. Son rôle est de fournir un espace de vie accru aux astronautes ainsi que de l'énergie par l'intermédiaire de panneaux solaires déployables qui seront installé autours du module.


 
Etudes exploratoires du module de mission du CEV Etudes exploratoires du module de mission du CEV Concept de vaisseau lunaire

Etudes exploratoires du module de mission du CEV
Crédit EADS SPACE transportation

Concept de vaisseau lunaire
Crédit Lockheed Martin


 
 
La ministérielle de décembre 2005

On le voit, l'Europe ne manque pas d'atout. La Session du Conseil de l'ESA au niveau ministériel doit se tenir en décembre 2005 à Berlin devrait éclaircir certains projets de l'Agence spatiale européenne. Les industriels attendent des décisions sur le programme préparatoire des lanceurs futurs (FLPP), qui aborde les démonstrations au sol et en vol effectuées en parallèle avec les études systèmes, mais également FESTIP, le programme de recherche de transport spatial futur de l'Europe.

   
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