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Si l'on transmettait de l'énergie solaire directement de l'espace,
les missions de secours pourraient faire fonctionner leurs appareils
à l'aide de quelques antennes et de transformateurs portatifs. Les
campeurs pourraient aussi se servir de cette énergie pour préparer
leurs repas avec rien d'autre qu'un appareil cellulaire ressemblant
à un téléphone.
Toutefois, les principaux bénéficiaires de ce progrès technique
seraient les nombreuses agglomérations qui seraient à même d'utiliser
l'énergie solaire spatiale transmise dans les réseaux de distribution
de l'électricité. Des centrales solaires terrestres existent déjà
à travers le monde. Toutefois, le rayonnement solaire est huit fois
moins intense sur la surface terrestre que dans l'espace. Pourquoi
donc ne pas le capter dans l'espace et propulser son énergie vers
la Terre sous la forme de micro-ondes qui pourraient pénétrer l'atmosphère
plus efficacement ? Telle est la question que se posent des chercheurs
américains.
Ceux-ci ont proposé à cet effet de placer sur orbite d'énormes satellites,
des structures gonflables dotées de panneaux photovoltaïques et
d'antennes. Les stations de réception au sol transformeraient l'énergie
transmise en électricité, voire en carburants synthétiques, qui,
contrairement à l'électricité produite par les stations solaires
terrestres, alimenterait sans interruption le réseau électrique
quelles que soient les saisons, les conditions météorologiques ou
les zones géographiques.
Des études dès les années 90
Le ministère de l'énergie et l'Administration nationale de l'aéronautique
et de l'espace (NASA) étudient cette idée depuis plusieurs années.
Au milieu des années 1990, une étude de la NASA réalisée sous la
direction de M. John Mankins a abouti à l'établissement d'un plan
de recherche et de développement qu'a adopté le Conseil national
de la recherche. Les auteurs de cette étude ont envisagé de placer
sur orbite géostationnaire, d'ici à 2050, plusieurs dizaines de
centrales solaires capables de transmettre de 2 à 5 gigawatts d'électricité
à de multiples stations de réception au sol. Toutefois, a indiqué
M. Mankins, ce projet n'a pas eu de suites parce qu'aucun organisme
n'est chargé à la fois de programmes spatiaux et de la sécurité
énergétique.
Ces dernières années, on a fait des progrès techniques immenses
dans ce domaine, a dit M. Mankins. Par exemple, le rendement des
centrales solaires et de la transmission de l'électricité sans fil
a plus que quadruplé, ce qui permet de réduire fortement la taille
et le coût des centrales solaires.
M. Martin Hoffert, qui était à la tête du département de sciences
appliquées de l'université de New York, a déclaré en août que la
recherche-développement dans le domaine des centrales solaires spatiales
pouvait se poursuivre avec les moyens techniques existants.
Un coût élevé
Toutefois, les frais demeurent élevés, ce qui pour effet de décourager
le secteur privé et le secteur public 'investir dans ce domaine.
Le coût le plus important a trait au transport du matériel et des
dispositifs à bord de la navette spatiale : 20.000 dollars le kilogramme.
Les partisans de l'énergie solaire spatiale estiment que ce projet
pourrait devenir rentable si l'on pouvait abaisser les frais de
transport à 200 dollars le kilogramme et les frais de montage en
orbite à moins de 3.500 dollars le kilogramme.
Il est peu probable que l'on puisse y parvenir de sitôt. La construction
d'un lanceur réutilisable, qui permettrait de réduire considérablement
les coûts, exigerait des investissements du secteur public, a précisé
M. Mankins. Toutefois, un petit projet de démonstration d'une centrale
solaire spatiale pourrait contribuer à convaincre les sceptiques
et à fournir de bonnes justifications sur le plan politique pour
de tels investissements.
M. Mankins estime probable que Washington reprendra l'idée de centrales
solaires spatiales à cause de la ultitude de ses avantages et de
ses applications, dont l'une serait de fournir de l'énergie aux
engins spatiaux et aux installations d'exploitation commerciale
des ressources de l'espace.
En septembre 2006, la sous-commission scientifique de la Chambre
des représentants a examiné cette idée dans le cadre de travaux
sur les changements climatiques. En outre, le ministère de la défense
effectue une étude de faisabilité sur la production d'énergie dans
l'espace, dont l'achèvement est prévu pour septembre.
En conclusion, M. Mankins a déclaré : " Lorsqu'on considère le
genre de choses auxquelles la société moderne consacre des milliards
de dollars, l'idée d'obtenir des quantités illimitées d'énergie
propre de l'espace n'est pas un mauvais objectif. "
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(02.09.07)
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