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Depuis 25 ans, les satellites américains Landsat d'observation de
la Terre collectent des images de notre planète depuis l'espace,
et des scientifiques du monde entier utilisent ces données dans
de nombreux domaines, allant de l'agriculture à l'utilisation des
sols en passant par les prévisions écologiques et la gestion des
catastrophes.
Le programme ,
géré conjointement par la NASA et le du ministère des affaires intérieures des
États-Unis (USGS), contribue également à aider les pays les plus
pauvres à profiter de la puissance de la technologie, notamment
des techniques de télédétection, pour tirer durablement le meilleur
parti de leur environnement naturel.
Depuis les années 1980, l' (USAID) est
le principal financier du programme international du Centre de l'USGS
pour l'observation des ressources terrestres et les sciences (EROS),
situé dans le Dakota du Sud. Il s'agit de financer des projets qui
utilisent des données obtenues à distance pour remédier aux problèmes
de gestion des ressources, relever les changements de la couverture
terrestre et mettre en place des systèmes d'alerte précoce aux catastrophes
dans divers pays du monde.
Alerter à la famine et aux inondations
En 1986, l'USAID a créé un Dispositif d'alerte rapide à la famine
(FEWS) afin de contribuer à prévenir la famine en Afrique subsaharienne
en fournissant aux responsables politiques des informations précises
obtenues par télédétection sur les risques de famine.
En 2000, un réseau de ces dispositifs a été créé afin de permettre
aux Africains de réagir plus efficacement aux problèmes de sécurité
alimentaire et de mieux planifier les mesures visant à réduire la
vulnérabilité des groupes les plus exposés aux famines et aux inondations.
Le Centre EROS de l'USGS, la NASA et l'Administration nationale
des études océaniques et atmosphériques (NOAA) sont les principaux
partenaires de ce réseau.
En 2003, l'USAID a commencé à verser des fonds à la NASA pour l'aider
à créer SERVIR, un système de visualisation et de surveillance fondé
sur le Web et destiné à l'Amérique centrale et au Mexique. Il met
à la disposition des responsables politiques, des étudiants, des
milieux d'affaires et du public des images satellite et des informations
géospatiales.
Ce système a servi à prévoir le temps, à surveiller les incendies,
à déterminer quelles étaient les populations vulnérables aux inondations
et aux glissements de terrain, à suivre les marées rouges dans les
zones de pêche, à analyser le changement climatique et à établir
une carte de la couverture terrestre.
'De la réaction aux catastrophes à la planification du développement
à long terme, ces technologies d'observation de la Terre améliorent
notre capacité de comprendre la nature intégrée du travail que nous
accomplissons dans le monde entier et, partant, renforcent notre
efficacité', a déclaré Carrie Stokes, conseillère à l'USAID.
'Nous pouvons voir plus globalement comment des projets entrepris
dans divers secteurs tels que la croissance économique, l'agriculture,
la gestion des ressources naturelles, la santé et la gouvernance
peuvent être liés et se renforcer les uns les autres. En conséquence,
créer des capacités permettant aux gens d'utiliser les technologies
géospatiales pour solutionner tout un éventail de problèmes allant
de la sécurité alimentaire à l'urbanisation en passant par la protection
de la biodiversité et le changement climatique est pour nous une
priorité.'
Ce système utilise de nombreuses données obtenues par télédétection,
mais les images fournies par Landsat sont la base de la cartographie
nationale de chaque pays.
L'USAID finance également le Land Use and Land Cover Trends Program
(Programme d'analyse des tendances au niveau de l'utilisation des
sols et de la couverture terrestre) en Afrique de l'Ouest. Il s'agit
d'un programme entrepris par les scientifiques du Centre EROS de
l'USGS qui coopèrent avec 14 pays partenaires de cette région afin
de relever et de quantifier les changements intervenus dans les
paysages au cours des 40 dernières années.
Gray Tappan est un géographe du Centre EROS de l'USGS qui est impliqué
dans ce programme. Lors d'un entretien accordé le 11 avril à l'USINFO,
il a déclaré qu'il s'agissait là d'une véritable gageure du fait
de la vaste superficie de la zone concernée et de la difficulté
d'assembler des images provenant de sources diverses.
'Nous étudions quatre années de référence : 1965, 1975, 1985
et 2000. Nous établissons ainsi quatre cartes différentes que nous
comparons afin de détecter les changements. Cela nous donne une
image des ressources terrestres il y a 40 ou 20 ans, ainsi que des
statistiques sur les zones forestières, marécageuses, urbaines et
agricoles.'
En Afrique de l'Ouest, des scientifiques du centre EROS travaillent
depuis 1988 avec des partenaires africains au Centre régional AGRHYMET
(agriculture, hydrologie et météorologie) de Niamey (Niger), afin
de les aider à se doter de capacités de télédétection.
Sur les cartes, a expliqué M. Tappan, 'nous constatons l'expansion
progressive des terres agricoles au détriment des forêts et des
savanes. La végétation naturelle perd donc du terrain, ce qui est
une source d'inquiétude. Nous assistons à un changement rapide de
l'environnement, essentiellement du fait de l'activité humaine.'
L'étape suivante, a-t-il dit, consiste à 'transmettre ces preuves
très frappantes à de hauts responsables politiques de chaque pays
concerné et à amorcer le dialogue. Nous pouvons également recourir
à des ordinateurs pour montrer à quoi ressembleront ces paysages
en 2020 ou 2050. Ce genre de démonstration retient généralement
leur attention.'
Dans un autre projet lancé au Niger, des agriculteurs ont amélioré
leurs méthodes de défrichage, de culture, d'utilisation des sols,
d'économie de l'eau et d'agroforesterie. Cela a permis aux arbres
et aux buissons de repousser en plus grand nombre qu'auparavant
et a eu un effet positif sur des dizaines de milliers de foyers
ruraux.
Ce résultat a été si incroyable que même les Nigériens étaient sceptiques,
a dit M. Tappan. Ils ont été finalement convaincus par des images
obtenues par télédétection.
Ce genre de succès peut être reproduit, grâce à des technologies
comme la télédétection, ailleurs en Afrique et dans le monde, a
affirmé M. Tappan. ' Landsat, plus que tout autre satellite,
nous permet d'atteindre ces objectifs, parce qu'il a été le premier
engin conçu pour nous aider à étudier les ressources de la Terre.'
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