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Gabriel Chatrousse (gabriel.chatrousse@gmail.com)
Suite à votre appel très intéressant, je vous écrits pour vous
présenter mon point de vue :
Il est nécessaire de voir les évènements à moyen/long terme. En
effet, si l'Europe (ESA) se lance dans le développement d'un système
de transport d'équipage, la stations spatiale internationale ne
sera plus en orbite quand celui-ci sera prêt.
Maintenant analysons ce qui se passe à l'heure actuelle : l'ESA
est obligée d'acheter/négocier des places à bords de la navette
et du Soyuz. La question n'est pas le prix mais bien les contraintes
qui accompagnent ces contrats : la station va bientôt passer à
6 membres et l'ESA ne pourra avoir qu'une place de 6 mois tous
les deux ans. Un rapide calcul montre qu'il reste environ 7 ans
à la station, dont la fin reste pour l'heure programmée pour 2015.
On peut en déduire qu'il y aura 3 vols longue durée dans Columbus
!!!!!!!!!!!! Je trouve que ça fait cher le laboratoire pour trois
scientifiques ! La situation est donc, et contrairement à ce que
vous affirmez, exactement la même que celle qui a précéder le
développement d'Ariane : nous sommes bel et bien pieds et points
liés pour l'envoi de spationautes. Pour finir, nous n'avons pas
accès à ces technologies. Nous n'avons pas leurs retombées, aux
combien médiatiques et scientifiquo-technologiques, des lancements
habités. Nous n'avons pas l'industrie ni les emplois liés.
Un autre aspect me semble important : regardez les russes qui
ne font que du taxi Soyuz, ils ont un appui majoritaire de la
population pour le spatial. L'ESA, elle, qui fait des avancées
technologiques bien plus importante grâce à ces nombreux démonstrateurs
et satellites, ne voit qu'un appui minime grâce à des passionnés
dont je pense nous faisons partit. Un quidam dans la rue connait
la navette et Soyuz, pas l'ATV ni Columbus !
Je vous cite :
"Il serait intéressant pour l'Europe de se positionner sur ce
segment en développant des capacités telles que la maitrise de
la transition orbite / atmosphère, la rentrée planée ou les protections
thermiques chaudes pour maitriser le retour des hommes et du matériel."
Il serait bien ridicule de ne pas "boucler la boucle" en ne lançant
pas les astronautes de Kourou pour les multiples raisons citées
plus haut.
Toutefois, je reste dans l'optique du moyen/long terme avec une
vision et des moyens tendant vers des programmes types Constellation.
Il ne faudrait pas se retrouver à nouveau à négocier des places
auprès des USA, de la Russie et même pourquoi pas de la Chine
! Il ne faut pas qu'on se retrouve pour payer nos places à construire
gracieusement des modules de stations lunaires ou martiennes qu'on
ne pourra exploiter faute de moyen pour y envoyer nos spationautes.
Car une capsule seule sans ISS est une ineptie : elle ne servira
plus à rien. De plus, je ne pense pas qu'il y ait de nouvelle
station orbitale avant longtemps, étant donné les différentes
liées à l'ISS (justifiées ou non, sa construction la justifie
à elle seul à mon avis).
En outre, je reste de l'avis que les démonstrateurs dont vous
parlez revêtent une importance fondamentale dans le leadership
futur de l'ESA au sein d'un monde d'agences spatiales multiples
avec des objectifs audacieux.
Je conclurai en disant que ma vision se résume en trois choix
pour l'ESA : 1/ L'audacieux avec:
Changement de status de l'ESA pour devenir une véritable agence
avec intégration des agences nationales,
Suppression du 'retour géographique' véritablement handicapant
Amélioration d'Ariane V Passage à une version "man rated" d'Ariane
V
Développement d'un CTV (ATV habité)
Lancement d'un programme comme Constellation
Lancement de nombreux démonstrateurs technologiques
Lancement de nombreux satellites d'exploration etc, etc 2/ Le
repliement avec :
Lancement de satellites d'exploration Développement de quelques
démonstrateurs 3/ Le trop timide contenant seulement quelques
proposition du 1/
Grâce aux succès successifs de Columbus puis de l'ATV et au lancement
final de Galileo, je pense que la conjoncture ne sera jamais aussi
favorable. Il faudrait aussi que les européens se réveillent et
comprennent qu'économiquement ils sont plus fort que les USA.
Avec l'euro fort, le PIB de l'Union Européenne est même passé
devant celui des USA !
Il ne manque qu'une seule chose : une ambition politique. Et à
mon avis c'est là que tout va se jouer !
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