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18.04.08 Transport spatial habité : Quelle voie pour l'Europe ?
 

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Mustard
(Administrateur du forum de la conquête spatiale, http://www.forum-conquete-spatiale.fr)

Les vols habités ne vont pas nécessairement tuer les missions automatisées scientifiques. C'est une crainte récurrente totalement infondée. On le voit par exemple avec le grand projet Galileo qui s'est vu adjoindre son propre budget supplémentaire, et en aucun cas n'a ponctionné celui des autres missions.

Si jamais l'Europe passait au vol habité il serait absolument inenvisageable de supprimer les missions dites automatiques. Pourquoi donc vouloir sans cesse prétendre que ce doit être l'un ou l'autre ?

Quelle utilité au vol habité ?

Il faut surtout voir comment on se positionne à long terme. Explorer différentes lunes du système solaire avec à chaque mission de maigres infos ou bien marcher, explorer, et étudier Mars en détail ?

je pense que l'homme dans l'espace n'a qu'un but, explorer les planètes et les lunes, et on le sait tous Mars est notre objectif principal depuis des décennies et pour un moment encore.

L'homme n'a pas vocation à vivre dans l'espace, il n'est pas adapté à cela. Actuellement nous faisons un peu de surplace mais c'est pour une bonne raison, apprendre à vivre (longtemps) dans l'espace, à construire des habitats autonomes, à construire des matériaux et matériels adéquats, etc. Parce que l'espace est le passage obligé et difficile vers toute autre destination.

Si on explore et qu'on n'est pas prêt on se plantera.

La présence humaine à bord d'un vaisseau apporte une sécurité indiscutable pour la mission, grâce à sa capacité à résoudre les problèmes. Les ingénieurs de l'ATV l'ont récemment avoué, l'absence d'équipage fait que la fiabilité et les sécurités sur l'ATV doivent être très importantes, voir plus que pour un vol habité.

On ne compte plus le nombre de missions que l'homme à pu sauver grâce à sa présence, et combien de missions automatiques ont été perdues ou amputées (souvent pour un simple détail) alors qu'une présence humaine aurait facilement résolu le problème.

Pour l'exploration de nouveaux sols, l'homme surclasse largement les robots sur sa capacité de travail et d'adaptation. En une semaine un homme fera autant que de nombreuses sondes en plusieurs années. Mais l'homme a besoin des sondes pour faire le travail de prospection, de précurseur. En fait, les deux sont liés. Les robots iront toujours avant l'homme, et là où il ne pourra pas (encore) aller. On ne peut concevoir l'un sans l'autre.

Où trouver le budget ?

Généralement il faut proposer un projet pour espérer avoir un budget conséquent. Si on attend d'avoir un budget qui le permettra alors on peut attendre longtemps.

L'exemple du système Galileo montre bien que son budget n'a pas été amputé sur celui de l'ESA, c'est bien l'UE qui a rajouté de sa poche. Si les pays membres et l'UE veulent un accès habité à l'espace, elle y mettra sa forcément sa contribution.

Mais alors comment trouver une telle somme en pleine période de crise mondiale ?

Et bien en fait je doute que cela soit si cher que cela. Nous avons déjà le module de service (MS) avec l'ATV et sa capacité de docking et de mouvement, un lanceur puissant et fiable (qu'il va juste falloir adapter en "man-rated"), la technologie et technique pour la rentrée (ARD, Huygens), et bien évidement des ingénieurs et industries archi compétents dans le domaine. Bref il ne reste plus qu'à faire une capsule (disons pour 3 personnes pour commencer). Rien à voir avec les américains qui doivent tout refaire à zéro, lanceur, MS, et grande capsule pour 6 membres. Sans parler des battons dans les roues qu'ils se sont mis volontairement en voulant réutiliser un SRB rallongé.

L'aspect commercial ?

On ne peut pas se limiter à n'envoyer *que* des satellites en orbite indéfiniment, on a passé ce stade là qui est maintenant du domaine du commerce spatial. C'est trop dangereux de ne se reposer que là-dessus car avec l'arrivée de nombreux nouveaux lanceurs à bas cout l'avenir de cette activité européenne va être fragilisé. Il faut que le secteur de la recherche reprenne sa route. On maitrise l'orbite, laissons la aux commerciaux, mais que la science et la recherche continue la conquête spatiale qui ne fait que commencer.

Ne laissons pas la Russie, les USA, l'Inde, la Chine, le Japon, et peut être d'autres ensuite, nous passer devant dans le domaine du vol habité car ce retard on le payera tôt ou tard. D'un point de vue image de marque de la technologie européenne cela peut aussi être très préjudiciable pour nos industries de pointe. Si tout le monde nous passe devant on va nous ressortir le terme péjoratif de "vieille Europe". Moi j'espère voir une Europe dynamique, à la pointe, qui attire.

Trop tard pour ISS ?

Les américains veulent se dégager d'ISS dès 2015, mais la station pourra continuer jusqu'à 2020 selon l'implication des autres nations. Si l'Europe lance le projet d'une capsule, cela peut être très rapide vu que la plupart des éléments existe déjà (voir ci-dessus) et que les compétences sont encore là. On peut donc espérer avoir un accès à ISS dès 2015 et l'exploiter au moins durant 5 bonnes années. Par la suite on peut très bien voir arriver des petites stations plus petites et éphémère (type Saliout, Skylab ou Mir à ses débuts) mais tout aussi efficace.

Et après ? Après les américains, les russes, la chine et l'inde envisage d'aller aussi sur la lune, et pourquoi pas une mission internationale ou en coopération ?

Et ensuite le voyage vers Mars. Quel crédit auront nous aux yeux de nos partenaires si nous sommes les seuls à ne pas avoir une capacité et expérience de vol habités.

L'autonomie ...

L'Europe ne doit pas être la bonne poire pour payer ce que les autres ne peuvent plus payer. L'Europe doit avoir son rang dans la hiérarchie spatiale et dans l'image de sa haute technologie. Nous avons trop été menés en bateau par le passé lors des coopérations internationales. Tout comme nous l'avons fait glorieusement avec Ariane ou Airbus, nous devons prendre notre envol tout seul et prendre notre place au sein de cette conquête spatiale.


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