|
Tezio Corteze de Toulouse ()
Merci de cette bonne idée de nous donner la parole. Peut-être
vas-tu trouver certains propos "virulents", mais ce n'est pas
méchant. Je donne mon point de vue et j'espère qu'il contribura
à ton tour d'horizon.
Bien évidemment, si l’on raisonne en bon père de famille et si
la question se résume à savoir s’il faut développer un vaisseau
pour lancer nos 5 ou 7 prochains astronautes vers ISS, on peut
arriver à pérorer, comme vous le faites dans votre introduction,
par un non conclusif.
D’autre part, si l’on pense qu’ISS, même quasi déserté par les
Américains, va être désorbité ou coupée en deux au niveau du «
Checkpoint Charlie » vers 2015, je crois que l’on rêve un peu
et que ce magnifique laboratoire a encore quelques belles années
devant lui.
Troisième point, affirmer que l’Europe a tous les moyens d’envoyer
ses astronautes dans l’espace en s’appuyant sur les navettes (il
va falloir faire vite) et sur les Soyouz, c’est avoir une vision
à très courte vue. Il est dangereux d’affirmer que cette capacité
n’est pas menacée. C’est avoir la mémoire courte et faire fi des
leçons des Symphonie et dur Spacelab. A croire que ces deux leçons
ne nous aurons servi à rien !
Tout se résume à un seul mot : Autonomie. Nous l’avons bien compris
avec Ariane (et tiens en passant, comment réagira l’Europe si
d’aventure le marché des lanceurs n’apportait plus sa part de
coût de notre autonomie d’accès à l’espace ?) Cette indépendance
est indispensable pour l’Europe, même dans le domaine des vols
habités et même 47 ans après le vol de Gagarine.
Certes, on ne va pas se lancer dans la conception d’un programme
aussi complexe qu’Hermes, mais plus modestement, appuyons-nous
sur ce que nous savons déjà faire et « grattons » un peu ce qu’il
nous manque et que nous savons pouvoir réaliser.
Essayons de nous placer dans la situation d’être autonomes au
cas où les coopérations en cours tourneraient mal.
Dans ce cadre, rien ne nous empêche de nous lancer dans des coopérations
plus poussées avec les Russes pour réaliser un véhicule habite.
Il est restera toujours quelques chose.
La question de : pour aller où est vite réglée. Il y aura probablement
toujours une infrastructure là haut – ISS aujourd’hui, russe,
américaine, indienne ou les trois réunis avec l’Europe ensuite…
Bien évidemment comme beaucoup d’entre-nous, je pense que la clef
de tout cela relève de choix. Choix forcément politiques. Choix
et ambitions gaulliens.
L’Europe politique en a la capacité mais peut-être n’a-t-elle
pas encore saisi tous les enjeux.
Il est illusoire de croire que c’est de l’Agence Spatiale Européenne
que viendra ces choix.
Comme le dit Jacques Blamon « …la future agence doit être le bras
séculier de l’exécutif… »
Mais je vois mal l’agence se faire Hara-Kiri ! Mais comme on nous
le demande, chacun donne son opinion et déjà cette démarche est
notable. Donc pour répondre à cette question :
- Un gros travail de lobbying auprès de l’Union européenne,
- Une agence spatiale rénovée,
- Des budgets suffisants pour le maintien des programmes scientifiques
essentiels mais permettant de faire émerger une autonomie potentielle
dans le domaine des vols habités,
- Coopération actives avec les Russes dans ce dernier domaine,
- Participations scientifiques coopératives au programme américain
de retour vers la Lune Merci encore de nous demander notre avis,
Tezio
Articles connexes
(16.04.08)
(11.03.08)
(22.02.08)
(05.04.07)
(19.06.06)
|