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Une mission spatiale LIDAR développée par le CNES et la NASA a opéré avec succès le remplacement de son laser principal par son laser de secours, garantissant ainsi la continuité des données permettant aux scientifiques de mieux appréhender et comprendre les rôles complexes des nuages et des aérosols et leur incidence sur le climat de notre planète.
L'extension des données aidera à définir un modèle des variations annuelles de la couverture nuageuse et de la distribution des couches de poussière à haute altitude jusqu'alors difficiles à prédire dans les modèles climatiques.
CALIPSO (Cloud-Aerosol Lidar and Infrared Pathfinder Satellite
Observation)
La mission CALIPSO continue donc avec son laser redondant, qui avait
été conçu en cas d'éventuel problème avec le laser principal.
Une fuite lente de pression dans le container renfermant le laser
principal, dont l'équipe CALIPSO était consciente depuis le lancement,
a rendu ce changement nécessaire. Le laser de secours, qui se tenait
près depuis maintenant près de 3 ans, a renvoyé sa première image
le 12 mars. L'instrument est maintenant opérationnel et subit une
vérification de sa calibration. La diffusion des produits standards
de CALIPSO devrait reprendre fin avril. Les données collectées depuis
la mi-mars vont être traitées et finalement la période d'absence
de données devrait ainsi être limitée à environ 10 jours début mars.
CALIPSO réalise des mesures uniques de profil vertical des nuages
et des aérosols. Les aérosols sont ces particules en suspension
issues des incendies, des activités industrielles et des processus
naturels. L'instrument LIDAR embarqué sur CALIPSO mesure l'altitude
et l'épaisseur des couches d'aérosols et de nuages dans l'atmosphère.
Il mesure aussi la taille des particules, leur caractère sphérique
ou non et détermine si elles sont composées d'eau ou de glace. Les
observations de CALIPSO sont aussi un complément aux données collectées
par 4 autres satellites de la constellation appelée A-Train, ce
qui fournit une vision globale et jusqu'alors non égalée de la chimie
atmosphérique et de la composition de l'atmosphère.
Ces données sont collectées par chaque satellite à huit minutes
d'intervalle, sur la même trace au sol. Opérationnel depuis juin
2006, le laser principal de CALIPSO a généré plus d'1,6 milliard
d'impulsions laser et amassé 20 térabits de données utilisées par
les scientifiques du monde entier. Plus important encore, les données
offrent aux scientifiques un nouvel aperçu des processus régissant
la formation et la dispersion des aérosols, la formation et la dissipation
des nuages ainsi que la façon dont nuages et aérosols interagissent.
"Nous avons conçu le système avec la capacité de changer de
laser, » explique Chip Trepte, chef du projet CALIPSO au
centre de recherche NASA de Langley. Trepte a comparé ce second
laser à la lampe de poche de secours qu'emmènerait un campeur partant
pour un long séjour. Très peu de lasers du type de celui utilisé
pour CALIPSO ont été envoyés dans l'espace avant celui-ci. Et ses
performances dans un environnement spatial hostile étaient inconnues.
Le laser de secours a finalement fournit l'assurance que la mission
pourrait être menée à bien.
« La bonne nouvelle est que nous avons mis en route un laser
qui n'a pas été utilisé depuis trois ans, et qu'il fonctionne aussi
bien que le laser principal au début de sa mission. » explique
Trepte. « La pression dans le container du laser de secours
est assez élevée, et il devrait pouvoir fonctionner pendant de nombreuses
années. »
Tout au long de la mission CALIPSO, le CNES et la NASA ont travaillé en étroite collaboration, du développement de la mission, à la construction de la plate-forme du satellite et l'intégration de la charge utile jusqu'au contrôle de l'instrument et au traitement de ses données de qualité.
« Bien que nous soyons de chaque côté de l'Atlantique, nous
travaillons comme une seule équipe intégrée NASA-CNES »
nous confie Nadège Quéruel, responsable des opérations CALIPSO au
CNES.
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