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La NASA qui s'est lancée dans un ambitieux programme de retour de
l'homme sur la Lune prévoit un premier débarquement dès 2018. A
la différence de l'épopée des missions Apollo, les Américains ont
décidé de s'installer de façon durable sur la Lune, pour d'une part
l'explorer, y faire de la science, et d'autre part préparer la première
mission habitée vers Mars et débuter des études exploratoires de
l'exploitation des ressources lunaires.
Mais où débuter cette colonisation et installer les premières structures
habitables ? Il s'agit de choisir une région où les ressources disponibles
à même de soutenir une activité humaine sont facilement exploitables.
Dans l'immédiat, les ressources à exploiter en priorité sont l'oxygène,
l'eau et la production d'énergie. Si dans un premier temps
l'oxygène et l'eau seront acheminés depuis la Terre, la production
d'énergie devrait démarrer rapidement après l'installation des premiers
modules, voire du module lunaire du CEV des premières missions qui
pourraient rester en activité plusieurs semaines sur la Lune.
Pour produire de l'énergie, la NASA a besoin d'une région suffisamment
ensoleillée. Il faut savoir que sur la Lune, le jour dure un peu
plus de 27 jours terrestres. Pendant cette période, le Soleil est
constamment au-dessus de l'horizon pendant un peu moins de 14 jours.
Après son coucher, il fait nuit pendant une période équivalente.
Mais, il existe des régions où le Soleil est pour ainsi dire constamment
visible. Les pôles sont un emplacement de choix. Mais, si la Terre
est inclinée sous un angle d'environ de 23 degrés la Lune l'est
de seulement 1 degré. Cette faible inclinaison fait que les sommets
de quelques cratères connaissent de longues périodes d'ensoleillement.
La sonde Clémentine de la NASA qui a tourné autour de la Lune pendant
trois mois en 1994 a identifié des sites polaires constamment illuminés
par le Soleil pendant l'été lunaire et jusqu'à 80 % le reste du
temps. Notez que la sonde Smart-1 de l'Agence spatiale européenne
doit déterminer si la lumière solaire est suffisamment présente
aux niveaux des pôles lunaires au cours de l'hiver lunaire. Ainsi
Smart-1 a découvert un site très lumineux qui se situe à 15 kilomètres
du pôle nord. Bien que cette région soit peu touchée par le Soleil,
on remarque un rempart de cratère suffisamment haut pour que le
Soleil puisse l'illuminer.
Ces régions polaires sont propices à l'établissement d'une base
lunaire. Leur exposition au Soleil est suffisante pour faire fonctionner
de petites usines de production d'énergie à partir de panneaux solaires,
d'autant plus que la technologie est bien maîtrisée. Ces régions
ne sont pas soumises à des changements de température trop brutaux,
entre le entre le jour et la nuit. Elles offrent une certaine stabilité
de la température. Si au niveau de l'équateur, la température peut
passer de - 170 °C à + 110 °C, ce qui est difficilement vivable,
au niveau des pôles on note des températures d'environ - 30°C. A
de telles températures, la NASA est parfaitement capable de mettre
en place de petites stations solaires capables de maintenir des
habitats chauffés à 20 °C.
La fourniture d'énergie sera plus difficile l'hiver. Ainsi, les
activités seraient cantonnées aux alentours les plus immédiats de
la base tandis que l'été des missions d'explorations seraient envoyées
très loin de ces bases, jusqu'à des centaines de kilomètres autour.
Les régions polaires présentent également un autre avantage. On
sait que certains planchers de cratères sont constamment à l'ombre
du Soleil. De nombreux scientifiques supposent que des réservoirs
substantiels de glace d'eau existeraient et seraient assez facilement
exploitables.
Des astronomes envisagent même la construction d'un très grand observatoire
lunaire. Il serait situé à plusieurs dizaines de kilomètres de façon
à ne pas être affecté par les rayons du Soleil. Cet observatoire
serait dédié à l'observation du ciel profond et fonctionnerait sans
surveillance. La Lune ne possède pas d'atmosphère de sorte que la
lumière du Soleil n'est pas dispersée, ainsi des observations sont
possibles même la journée.
La Lune une étape avant Mars
Ce retour sur la Lune n'est qu'une étape avant la conquête de Mars
par l'homme. Les missions lunaires qui seront envoyées autour et
sur la Lune seront, pour certaines, utilisées comme bancs tests
(ou bancs de teste) pour les missions habitées à destination de
Mars. Elles valideront des concepts, des profils de missions et
les nouvelles technologies nécessaires pour ces missions martiennes.
La NASA veut optimiser au mieux l'utilisation de mission robotiques
et humaines afin de les dupliquer pour la Planète rouge.
Réseau de communication
Enfin, la NASA veut mettre en place un réseau de communication lunaire
et démontrer la faisabilité de l'utilisation de la Lune comme base
de lancement pour des missions robotiques planétaires. Quant on
sait que la puissance requise pour s'échapper de l'attraction lunaire
est de 1/6 de celle de la Terre on comprend mieux l'intérêt d'utiliser
notre satellite comme point de départ pour l'exploration du Système
Solaire.
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