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Le report à 2011 du lancement du Mars Science Laboratory de la NASA
ne doit pas faire oublier le lancement en fin d'année prochaine
de la sonde russe Phobos-Grunt qui doit rejoindre en 2010,
un des deux satellites de Mars qui pourrait très bien servir de
relais avancé pour la conquête du Système Solaire.
Phobos-Grunt
Phobos-Grunt vise à rapporter pour la première fois sur Terre quelques
grammes de la surface de Phobos, le plus gros des 2 satellites de
Mars. 50 kg d'équipements scientifiques resteront à la surface de
Phobos pour recueillir des informations qui seront transmises par
la suite sur Terre. Cette mission se fera en coopération avec la
Chine qui fournira un petit dispositif qui permettra de réduire
le régolithe de surface en une fine poudre en vue d'une analyse
in-situ par les instruments du lander.
Le choix de Phobos comme première mission de retour d'échantillons
du système martien peut paraître surprenant alors qu'astronomes
et planétologues attendent surtout des échantillons martiens. Ce
sont des considérations techniques qui ont 'contraint' les Russes
à opter pour une mission de retour d'échantillons de Phobos au détriment
de Mars. Viser Mars aurait nécessité de développer une mission bien
plus complexe que Phobos-Grunt.
En effet, et cela ne vous surprendre pas, l'énergie requise, tant
pour se poser sur Mars qu'en repartir, est bien plus importante
que si l'on vise Phobos. D'où ce choix logique pour une première
mission de cette catégorie, qui offre aussi l'avantage du moindre
coût. Par contre ce qui va vous surprendre, c'est le delta V (mesure
de l'énergie propulsive nécessaire pour la mission) de la Terre
jusqu'à Phobos et le retour qui est la moitié environ du delta V
nécessaire à la boucle Terre-surface lunaire !
Concrètement, cela signifie qu'en termes d'énergie, il est plus
facile d'atteindre Phobos que notre propre Lune de sorte que certains
spécialistes voient dans Phobos une des clés de la colonisation
réussie de Mars et l'expansion humaine dans le Système Solaire servir
de relais avancés pour la conquête du système solaire.
Postes avancés
L'intérêt scientifique de la mission Phobos-Grunt n'est donc pas
seulement de rapporter sur Terre des échantillons. L'autre grand
objectif sera de déterminer la nature des jets de gaz découverts
par la sonde soviétique Phobos 2, que l'on pense être une sorte
de vapeur d'eau ce qui peut signifier la présence de poches d'eau.
Une hypothèse soutenue par certains scientifiques en raison de la
faible densité de Phobos qui pourrait indiquer que le satellite
possède un intérieur très poreux, voire un cœur de glace.
L'exploration humaine du Système Solaire ne pourra pas se faire
sans postes avancés, répartis un peu partout dans le Système Solaire.
Dans un premier temps, ces postes avancés seront naturels. Il s'agira
soient d'astéroïdes et de comètes à très faibles périodes ou des
lunes comme Phobos, par exemple.
Dans le cas de Phobos, si son sous-sol renferme effectivement de
la glace d'eau, il ferait un candidat parfait comme poste avancé.
L'exploitation de ces gisements d'eau sera favorisée par sa très
faible gravité (une personne de 68 kilogrammes ne pèserait plus
que 57 grammes !) et ce fameux delta V qui permettra d'approvisionner
en eau, et tout ce que l'on peut en tirer, les infrastructures en
orbite basse terrestre
D'un point de vue strictement économique, l'utilisation de Phobos
à cette seule fin pourrait devenir très rentable. Une étude montre
que 2000 tonnes d'eau pourrait être envoyée vers la Terre à chaque
fenêtre de tir (environ tous les 2 ans) de sorte que ce poste avancé
pourrait devenir rentable au bout de 5 à 10 ans, à compter de la
première mission. Pour chaque lancement, les gains en fonction du
profil de la mission s'inscrivent dans une fourchette comprise entre
1,5 et 3,0 milliards de dollars.
Note
Phobos et Deimos pourraient servir de stations spatiales pour l'exploration
à distance de Mars. Depuis la surface des lunes martiennes, les
astronautes pourraient effectivement télécommander des robots en
temps réel, en s'affranchissant ainsi du délai de communication
Terre - Mars, qui rend les opérations de pilotage particulièrement
laborieuses. Une telle solution serait idéale pour étudier sans
les perturber d'éventuels écosystèmes martiens.
Phobos
est un des objets les plus sombres du Système Solaire. Son albédo
est seulement de 0,05, contre 0,25 pour Mars. Il est également une
des plus petites lunes du Système Solaire aux formes très irrégulières
(27 km x 22 x 19 km). Tout comme Deimos, l'autre satellite de Mars,
Phobos, il à une densité très faible, proche de 1,95 contre 4,4
pour Mars et 5,5 pour la Terre.
Sa surface est littéralement criblée de cratères d'impact et le
plus grand a un diamètre de 10 km, soit plus de 30 % de la taille
du satellite. Elle est probablement recouverte d'une couche de régolite
de 300 mètres d'épaisseur. En cause, un intense bombardement météorique
survenu il y a des milliards d'années qui a fini par transformer
la surface autrefois solide en une poudre très fine, le régolite
Phobos se situe à 6000 km au-dessus de Mars. Aucun autre satellite
dans le système solaire n'est aussi proche de sa planète. En raison
de cette proximité, Phobos est condamné. Dans environ 11 millions
d'années, il se brisera pour former un anneau autour de Mars ou
s'écrasera contre.
De l'histoire de Phobos, on ne sait pas grand-chose. Il n'est même
pas sûr que cette lune de Mars se soit formée en même temps que
la planète rouge. L'idée qui prévaut actuellement c'est que, comme
Deimos, il s'agirait d'un astéroïde de la ceinture de Kuiper capturé
par Mars. Reste que le mécanisme de cette capture n'est pas très
bien compris.
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