Le journal
Le Figaro publie une interview de Charles Bolden le patron de la NASA.
Il donne des informations intéressantes sur les probables orientations spatiales qui
seront décidées par l'administartion Obama début 2010.
Jamais, dans son histoire, la NASA n'aura vécu une telle période de flottement. Alors que les navettes prendront leur retraite définitive fin 2010 ou début 2011, l'agence spatiale américaine ne connaît toujours pas, avec certitude, le nom de leur successeur et s'apprête à dépendre, pendant au moins cinq ans, des Russes et de leur inusable vaisseau Soyouz, pour envoyer leurs astronautes vers la Station spatiale internationale.
La
commission d'experts indépendants nommée par Barack Obama a révélé fin octobre qu'il manquait chaque année à la NASA 3 milliards de dollars pour retourner sur la Lune en 2020, et partir ensuite à la conquête de Mars, comme le prévoyait George W. Bush, il y a cinq ans. Un projet ambitieux, destiné à redynamiser la NASA après la catastrophe de Columbia, en février 2002, mais qui n'a jamais disposé du financement nécessaire. Du coup, le nouveau système de lancement Ares-Orion, développé en solo par les Américains, a pris du retard et pourrait même être abandonné au profit d'une solution moins coûteuse.
Le président Barack Obama, qui doit trancher entre plusieurs options ne devrait rendre sa décision qu'au début de l'an prochain. Une chose paraît acquise : les États-Unis feront, pour la première fois, un large appel à la coopération internationale, comme l'explique au Figaro, Charles Bolden. Au risque de donner l'impression que la première puissance spatiale n'a plus les moyens de ses ambitions.
Le Figaro
Espérez-vous encore que le président Obama finisse par accorder les 3 milliards de dollars qui manquent chaque année à la Nasa pour aller vers la Lune et Mars ?
Charles Bolden
J'espère que Barack Obama donnera des milliards à la Nasa ! Mais chacun sait que le gouvernement actuel est soumis à des contraintes fiscales fortes. Quoi que le président nous demande de faire, quel que ce soit le montant qu'il nous attribue, nous devrons définir un nouveau projet d'exploration cohérent qui rentre dans le cadre budgétaire alloué.
Le Figaro
Selon le président Sarkozy «un programme d'exploration spatiale» vers la Lune ou Mars «ne peut être que mondial». Qu'en pensez-vous ?
Charles Bolden
Je suis d'accord avec lui à 1 000 % ! Pendant sa campagne électorale Barack Obama disait déjà que l'accroissement de la coopération internationale est cruciale et il continue de le faire. Au XXIe siècle, l'exploration spatiale ne peut plus être l'affaire d'un seul pays. Beaucoup de choses aujourd'hui doivent être menées dans un cadre international, c'est déjà comme ça avec la lutte contre le terrorisme.
Le Figaro
Quels seraient, selon vous, les atouts de l'Europe dans un tel projet ?
Notre philosophie est que nos futurs partenaires doivent s'insérer dans un «chemin critique». Cela veut dire que nous voulons qu'ils soient responsables de parties importantes du programme à bâtir ensemble. Certains pays ne voient aucun intérêt à aller sur la Lune, en particulier en Europe. D'autres, au contraire, n'ont aucune envie d'aller sur Mars et insistent pour dire que la Lune, c'est là qu'il faut aller. D'autres encore, comme le Canada et le Japon, sont incroyablement doués en robotique. Dans le futur, chacun de ces pays devra participer dans le secteur où il est le plus compétent. Cela veut dire aussi qu'il devra trouver les financements adéquats et voir comment il peut s'intégrer dans le projet commun.
Le Figaro
Le président Obama a récemment invité les Chinois à coopérer avec la Nasa, c'est un grand changement…
Charles Bolden
Nous voulons faire avec les Chinois ce que nous avons fait avec les Soviétiques pendant la guerre froide lorsque nous avons organisé, en 1975, un rendez-vous orbital entre notre capsule Apollo et leur vaisseau Soyouz. C'était incroyablement symbolique et cela a marqué le début de la Station spatiale internationale (ISS). Nous voulons que la Chine rejoigne pas à pas le club des grandes nations spatiales qui participent à l'ISS. C'est logique car il s'agit de la troisième nation à avoir envoyé un homme dans l'espace. Et puis les Chinois ont plusieurs fois exprimé leur intérêt à collaborer avec nous.
Le Figaro
Est-il envisageable d'aller directement sur Mars sans passer par des missions lunaires préparatoires ?
Charles Bolden
Non ce n'est pas possible, en particulier à cause des radiations. Nous devons mener des expériences, notamment sur des animaux, pour savoir comment l'homme peut supporter sur le long terme l'exposition subie lors d'une expédition vers Mars. Une fois qu'on sera allé sur la Lune, il faudra aller plus loin vers des astéroïdes par exemple où l'exposition est plus forte. Cela prendra du temps.
Le Figaro
Depuis Apollo, les vols habités sont un symbole fort aux États-Unis. Comment les Américains réagiront-ils si, pour des raisons économiques, votre agence est obligée de faire appel à la coopération internationale ou au secteur privé pour faire voler des astronautes ?
Charles Bolden
Depuis la formidable expérience de l'ISS, le public américain est habitué à voir la Nasa coopérer avec les Russes, les Japonais, les Canadiens et les Européens. Une des grandes fiertés américaines, c'est de savoir qu'on peut faire les choses seul. Mais je pense que l'on peut également être très fier de voir que l'on est capable de travailler en bonne intelligence avec d'autres pays, comprendre leur culture, leur histoire, apprécier ce qu'ils sont. Et comment les intégrer dans le projet que nous avons entrepris. Je pense que c'est la meilleure des choses pour le monde et la communauté internationale. Il faut voir au-delà de ce qui est bon uniquement pour l'Amérique.
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