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Selon un groupe de spécialistes de divers pays, les conséquences
sur la surface terrestre, sur les océans et sur l'atmosphère du
réchauffement de la Terre imputable à l'augmentation des émissions
de gaz à effet de serre sont telles qu'il faudra attendre plusieurs
décennies avant qu'une réduction de ces émissions ait de l'effet.
Le 8 février, certains des auteurs du dernier rapport en date du
Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC),
groupe qui a pour mission d'évaluer les changements climatiques
tous les cinq ans, ont fait part de devant la commission des sciences et de la technologie
de la Chambre des représentants.
" En somme, pour utiliser une analogie médicale, le GIEC a procédé
au diagnostic des signes vitaux de la planète Terre (...) et ce
que nous avons découvert, c'est que la planète a de la fièvre et
que son état pourrait bien empirer ", a dit l'un des auteurs du
rapport, M. Kevin Trenberth, du Centre national de la recherche
atmosphérique des États-Unis.
Des rapports alarmants
Ce sont l'Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme
des Nations unies pour l'environnement (PNUE) qui ont établi le
GIEC, dont peuvent faire partie tous les pays membres de l'ONU et
de l'OMM. Ses rapports, déjà publiés en 1990, 1995 et 2001 et auxquels
des centaines de climatologues du monde entier apportent leurs contributions,
donnent un bon aperçu des connaissances actuelles de l'homme en
matière de climatologie et de changements climatiques.
Ces rapports reposent sur les conclusions des trois groupes de travail
du GIEC et d'une équipe spéciale :
- le Groupe de travail I, qui évalue les aspects scientifiques du
système climatique et de l'évolution du climat ;
- le Groupe de travail II, qui s'occupe des questions concernant
la vulnérabilité des systèmes socio-économiques et naturels aux
changements climatiques, les conséquences négatives et positives
de ces changements et les possibilités de s'y adapter ;
- le Groupe de travail III, qui évalue les solutions envisageables
pour limiter les émissions de gaz à effet de serre ou atténuer les
changements climatiques ;
- l'équipe spéciale pour les inventaires nationaux de gaz à effet
de serre, qui est chargée de mettre en ouvre le Programme du GIEC
dans ce domaine.
Les groupes de travail II et II doivent publier leur rapport au
cours du printemps 2007, et un rapport de synthèse des conclusions
des trois groupes de travail doit paraître en novembre.
Les données et leurs lacunes
Les principaux auteurs du rapport ont résumé leurs conclusions pour
les membres de la commission parlementaire. Selon eux, les preuves
de changements discernables et réguliers sont de plus en plus nombreuses.
Elles comprennent l'augmentation des moyennes mondiales de la température
de l'air et des températures atmosphériques, des températures à
la surface des eaux de mer et en faible profondeur, la fonte généralisée
des neiges, la diminution de l'étendue et de l'épaisseur des banquises,
la réduction de l'étendue et de la masse des glaciers et des petites
calottes glaciaires et l'élévation à l'échelle mondiale du niveau
des mers.
On comprend de mieux en mieux les phénomènes qui influencent les
changements climatiques, car les données dont on dispose sont de
plus en plus précises et couvrent des zones géographiques de plus
en plus vastes, a précisé M. Trenberth.
De l'avis de Mme Susan Solomon, du laboratoire de recherche sur
le système terrestre de l'Administration nationale des études océanographique
et atmosphérique (NOAA), le réchauffement de la Terre va se poursuivre
à court terme " même si l'on parvient à stabiliser les émissions
de gaz à effet de serre au niveau actuel au lieu de continuer à
les augmenter ".
La plus grande incertitude est liée aux calottes glaciaires du Groenland
et de l'Antarctique, dont la fonte pourrait beaucoup changer le
niveau des mers.
Epaisse de quelque 3,2 kilomètres, une calotte glaciaire est une
couche de neige à l'échelle continentale comprimée et transformée
en glace sous son propre poids et qui s'étend sous son poids. Du
fait de son expansion, les bordures de la calotte s'amincissent,
forment la banquise et finissent par casser, donnant les icebergs,
a expliqué l'un des co-auteurs du rapport, M. Richard Alley, de
l'université de l'État de Pennsylvanie.
Lorsque les températures montent, la partie inférieure des banquises,
déjà en contact avec la mer, peut fondre très facilement, phénomène
que les scientifiques ne comprennent pas encore très bien.
" Le nouveau rapport fait état d'une meilleure compréhension de
nombreux aspects du réchauffement et de la diminution des couches
de glace, mais il s'est produit des changements inattendus dans
les fluctuations qui interviennent dans la glace pour lesquelles
nous ne disposons pas de données scientifiques permettant de faire
des prévisions exactes ", a dit M. Alley.
Il est important de combler cette lacune, a indiqué l'un des chercheurs
en chef du Centre national de la recherche atmosphérique, M. Gerald
Meehl, car " une élévation supplémentaire du niveau des mers due
à la fonte des glaces polaires pourrait ajouter, d'ici à la fin
du XXIe siècle, de 10 à 20 cm aux prévisions maximales (60 cm),
et on ne peut pas exclure une élévation encore plus forte du niveau
des mers à l'avenir ".
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