24.01.05 | Les résultats scientifiques dévoilés lors de la conférence de presse du 21 janvier 2005 | | La conférence de presse sur les premiers résultats scientifiques de la sonde Huygens s'est tenue le 21 janvier 2004 au siège parisien de l'Agence spatiale européenne et confirment les analyses des deux scientifiques interrogés par flashespace le lendemain de l'atterrissage sur le sol de Titan.
D'un point de vue scientifique, le succès est total, l'analyse des données prendra plusieurs années et peut se résumer à cette déclaration de Martin Tomasko, chercheur responsable du radiomètre spectral imageur de descente (DISR) : " Nous détenons aujourd'hui les informations nécessaires pour comprendre ce qui façonne le paysage de Titan. "
Les premières données montrent que si Titan par des aspects visuels ressemble à la Terre avec de nombreux processus similaires, il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'un monde complètement inconnu, un monde qui dépasse tout ce que nous connaissons sur Terre, un monde où la chimie à l'œuvre est totalement différente de celle que nous connaissons sur Terre. Néanmoins, les composés en jeu ne sont pas les mêmes. L'eau liquide terrestre est remplacée par du méthane et les rochers de silicates terrestres sont plutôt des blocs de glace d'eau sur Titan.
Huygens a confirmé l'existence de méthane liquide, des traces de pluie de méthane, des sources, ... Le méthane semble donc bien jouer un rôle prépondérant, semblable à l'eau sur Terre mais avec des conséquences différentes.
Les images acquises par la partie imageur du Radiomètre spectral de descente (DISR) ont montré des paysages de la surface de Titan qui présentent de remarquables analogies avec la Terre, du point de vue météorologique et géologique. Certaines images font apparaître un réseau complexe de chenaux de drainage étroits allant d'une zone claire de plateaux vers des zones de plus basse altitude, plus lisses et plus sombres. Ces chenaux se rejoignent pour former des systèmes fluviaux qui se dirigent vers des lacs asséchés dans lesquels on peut déceler des formes rappelant étrangement les îles et les hauts-fonds de notre planète.
On peut aisément comparer certains clichés de Titan au Gange, un fleuve qui prend sa source dans l'Himalaya et qui descend se jeter dans le golfe du Bengale par un vaste delta marécageux (Bangladesh).
Les images acquises lors des survols de Cassini ont mis en évidence des zones claires et sombres que l'on comprend mieux aujourd'hui. Les images de Huygens sont bien plus explicites et montrent que les zones claires sont des régions glacées au relief plus élevé, environ 100m d'altitude où les dépôts de composés organiques complexes y sont nettoyés par la pluie de méthane. Ces dépôts se concentrent donc dans les zones plus basses, qui apparaissent alors foncées.
A la surface, Huygens a détecté une source de méthane. Les scientifiques pensent qu'il aurait plu un peu avant l'arrivée de la sonde, et que cette pluie, ayant percolé dans le sol, aurait pu être libérée à l'atterrissage. Il faut noter que contrairement à ce qui se passe sur Mars, le liquide est ici piégé à quelques centimètres seulement de la surface. De la même manière, les "rivières" et les "lacs" ne présenteraient pas de liquide en surface, mais juste en dessous de celle-ci.
L'atmosphère de Titan a également surpris les scientifiques car Huygens y a trouvé des traces d'argon dégagé à la suite de la décomposition radioactive de roches, ce qui était prévu, mais aucune trace de gaz nobles primordiaux, pourtant présents dans la nébuleuse proto-solaire. Cette absence serait liée à la façon dont s'est formé Titan.
Enfin, les résultats de pyrolyse, qui visent à mesurer la composition des aérosols, des gouttelettes microscopiques en suspension dans l'atmosphère de Titan, sont encore attendus.
| | | Le site d'atterrissage de la sonde Huygens
| | On peut aisément comparer certains clichés de Titan au Gange, un fleuve qui prend sa source dans l'Himalaya et qui descend se jeter dans le golfe du Bengale par un vaste delta marécageux (Bangladesh).
| | | Certains l'auront remarqué, des images de la surface de Titan acquises par la caméra qui prend des clichés à la verticale de la sonde (une des trois caméras de la partie imageur du DISR) montrent que des blocs disparaissent d'une image à une autre.
Les scientifiques ne se sont pas encore prononcés sur ces images, mais l'explication serait toute simple. En attendant une analyse plus poussée des images, on explique leur disparition par la chaleur dégagée par la sonde.
Les blocs qui sont présents à la surface de Titan ne sont pas des cailloux, il s'agit de blocs de neige sale. Certains de ces blocs, les plus petits d'entre eux, auraient été réchauffés par la sonde elle-même et son éclairage et auraient pu fondre. Rappelons que la température mesurée en surface par Huygens avoisinait les -200°C, et que sous l'éclairage du projecteur, resté allumé environ 30 minutes après l'atterrissage de la sonde, la zone située directement en dessous s'est probablement réchauffée dans des proportions significatives.
Crédits ESA / NASA / JPL / University of Arizona
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