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En raison des conséquences potentiellement dévastatrices d'une collision
entre la Terre et les NEO ((near-Earth objects) et autre géocroiseurs,
des actions ont été entreprises ces dernières années afin de détecter
et répertorier ces corps célestes de grande taille susceptibles
de menacer notre planète. Concrètement, cela c'est traduit par la
mise en place de surveys, dédiés à la traque de ces objets de façon
à les répertorier et suivre l'évolution de ceux dont l'orbite est
à même de couper celle de la planète et donc potentiellement dangereux.
Pas d'observatoires spatiaux
On aurait pu penser que la NASA, l'ESA ou encore l'ONU s'investissent
pour lancer des observatoires spatiaux dédiés à cette traque. Peine
perdue, les scientifiques aujourd'hui n'en voient plus l'utilité.
S'il ne fait aucun doute que seuls des observatoires spatiaux sont
en mesure de déceler des corps célestes que l'éclat du Soleil nous
empêcheraient de voir depuis le sol ou encore un plus grand nombre
de très petits objets, les télescopes terrestres sont tout à fait
capables de détecter les plus gros d'entre eux, dont la chute peut
provoquer la disparition de notre espèce ou nous ramener à l'Age
de Pierre en quelques mois. Il n'en reste pas moins que les télescopes
terrestres ne pourront jamais cataloguer 100 % des NEO.
Il y a quelques années, nombreux étaient à penser que malgré le
lancement de programmes de détection de plus en plus élaborés dans
différents pays, la recherche de ces objets devait également s'effectuer
à partir de l'espace. Or, de telles missions ont été écartées en
raison des télescopes terrestres et des moyens informatiques de
traitement des données utilisés dans le cadre de surveys et qui
sont aujourd'hui bien adaptés à leur missions et ont une capacité
à détecter un grand pourcentage de ces objets et couvrant la totalité
du ciel. En conséquence la mise en œuvre d'un observatoire spatial
apparaît assez superflue.
Cependant, l'accès à l'espace pourrait se révéler un élément déterminant
pour la prévention de telles catastrophes.
Mission de rendez-vous
Découvrir un astéroïde ou une comète éteinte se dirigeant contre
nous est en effet prioritaire. Il est probable que lorsqu'une menace
de ce type se précisera, on soit en mesure d'essayer au mieux de
dévier l'objet de sa trajectoire de collision avec la Terre ou,
au pire, le fragmenter en plusieurs morceaux avec autant de chances
que ces morceaux se détruisent lors de leur entrée dans l'atmosphère
terrestre et/ou dévient de leur trajectoire de collision ou que
certains d'entre eux, de tailles plus ou moins importantes, s'écrasent
finalement sur la Terre. Il est important de mentionner qu'un astéroïde
menaçant ne peut être "volatilisé" ainsi que pourraient le laisser
croire certains films de science-fiction de style Guerre des Etoiles.
Dans cette optique, il est évident que nos connaissances sur la
nature même de ces objets doivent s'améliorer grandement. Aujourd'hui,
nos connaissances ne sont que partielles, superficielles. De fait,
personne ne peut dire avec certitude si un astéroïde fonçant sur
la Terre, peut être dévié de sa trajectoire, fragmenté en gros blocs,
voire pulvérisé en une multitude de petits morceaux. Pourquoi ?
Tout simplement parce que nous manquons d'information sur leur composition,
leur densité ou encore la façon dont ils sont amalgamés.
Or, peu d'astéroïdes ont été observés à courte distance. On citera
les astéroïdes Gaspra et Ida survolés par Galileo ou encore Mathilde
et Eros survolés par la sonde Near-Shoemaker. Notez que cette sonde,
bien qu'elle n'ait pas été conçue pour se poser à la surface de
l'astéroïde Eros, s'est finalement posée dessus en février 2001
fournissant des informations inédites et très précieuses. Tout récemment
la mission particulièrement mouvementée de la JAXA, Hayabusa, qui
a volé de concert avec l'astéroïde Itokawa et dont l'on ne sait
pas trop si la sonde a réussi à capturer des échantillons de l'astéroïde,
son objectif principal ! La JAXA est dans l'expectative, n'étant
pas en mesure de confirmer que la sonde a bien capturée de tels
échantillons. Pire, il n'est pas sur que la sonde soit capable de
revenir sur Terre en raison de problème affectant son système de
propulsion.
Enfin, les deux satellites de Mars, Phobos et Deimos, qui sont certainement
des astéroïdes capturés ont également été observés par des sondes
martiennes de la NASA et de l'Ex-URSS. On notera également que le
télescope spatial Hubble a observé l'astéroïde Vesta et un objet
de la famille Centaure. Signalons également que plusieurs sondes
ont observé des astéroïdes mais à des distances lointaines (Deep
Space 1, Cassini-Huygens ou encore Stardust). Dans quelques années,
plusieurs sondes survoleront des astéroïdes dont Rosetta. La mission
Dawn de la NASA, dont le lancement est prévu en 2006 vise à se satelliser
autour de Vesta puis Cérès.
L'Europe dans tout ça
Si on peut regretter que l'Agence spatiale européenne ne soit pas
engagée dans l'organisation de son propre survey, l'ESA pend la
problématique des NEO très au sérieux. En 2004, un Comité de consultation
sur les NEO (Near-Earth Object Mission Advisory Panel ou NEOMAP)
a recommandé à l'ESA de développer une mission à destination d'un
astéroïde. Toujours en cours de définition, la mission qui prévoit l'utilisation de 2 vaisseaux en route
pour étudier un astéroïde in situ et analyser son comportement après
le violent impact d'un des deux engins, devrait être effectivement
lancé, un jour…
Don Quichotte
Cette mission, véritable scénario de science-fiction, vise à nous
aider à mieux comprendre comment dévier de sa trajectoire un astéroïde
menaçant pour la Terre.
se compose de deux vaisseaux, Sancho et Hidalgo. Tous
les deux seront lancés en même temps, mais Sancho aura une trajectoire
plus rapide a destination de l'astéroïde cible. Quand il sera proche
de l'objet, il débutera une campagne d'observation et d'étude de
sept mois. Pour cela il utilisera des pénétrateurs et des sismomètres
pour mieux comprendre sa structure interne. Quant à Hidalgo, il
s'écrasera contre sa surface à très grande vitesse, ce qui fournira
des informations sur le comportement et la structure interne de
l'astéroïde après un tel impact. Mesures qui seront comparées aux
données précédemment acquises par Sancho. L'impact d'Hidalgo creusera
une partie de l'astéroïde et la région mise a nu et ses éjectas
seront étudiés par Sancho. Après l'impact, Sancho et quelques télescopes
terrestres surveilleront l'orbite et la rotation de l'astéroïde
pour voir si elles ont été affectées
Objectifs scientifiques de Don Quichotte
Bien qu'il s'agisse avant tout d'une mission scientifique, Don Quichotte
sera utilisé comme une sorte de banc test pour éprouver et valider
de nouvelles technologies pour de futures missions de déviation.
- mesure la masse de l'astéroïde
- détermination de la structure interne de l'astéroïde, en particulier
la taille des morceaux principaux, la dimension des particules et
l'épaisseur du régolite et des débris entre les morceaux principaux
- mesure la déviation orbitale de l'astéroïde consécutif à l'impact
d'Hidalgo
- mesure la rotation de l'astéroïde avant et immédiatement après
l'impact
- détectez la dissipation de l'axe de rotation secondaire après
l'impact
- composition minéralogique de l'astéroïde
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Sur le web
(ESA)
(NASA)
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