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Alors qu'une polémique vient d'éclater aux Etats-Unis laissant entendre
que les 2 sondes Viking de 1976 auraient pu détruire des micro-organismes
martien par ignorance, revenons brièvement sur les grandes dates
de la recherche d'une forme de vie sur Mars.
Avant 1900
Lorsque les astronomes de la fin du XIX siècle pointent leur regard
vers Mars, nombreux sont ceux à y voir des structures artificielles,
des canaux faisant partie d'un vaste système d'irrigation mis en
place par les Martiens à la surface de Mars, pour lutter contre
une sécheresse grandissante ! C'est du moins ce que pense Percival
Lowell. Bien que quelques scientifiques doutent de l'existence de
ces structures, ce ne sont pas les premières photographies de la
planète, acquises en 1905, qui permettent de trancher.
Après 1900
Tout change avec l'arrivée d'instruments d'observation plus 'moderne'.
De 1909 au début des années 40, la perception que l'on a de Mars
commence à évoluer et beaucoup doutent maintenant de l'existence
de ces structures artificielles. Les images acquises pendant cette
période les montrent bien moins rectilignes et nettement plus accidentées.
Mariner 4
En 1965, la messe est dite. La sonde de la NASA Mariner 4 survole
Mars et prouve de manière définitive que les canaux n'existent pas.
Cette époque de l'exploration de Mars apporte autant de réponse
qu'elle pose de nouvelles questions.
Viking
C'est avec beaucoup d'enthousiasme qu'en 1976 la NASA réussi à débarquer
sur la surface de Mars les 2 sondes Viking. Nombreux sont les scientifiques
à penser que la planète est compatible avec la vie. Malheureusement,
les premières données montrent que ce n'est pas le cas. Pire, elles
apparaissaient comme décevantes.
Les missions Viking ont dévoilé un monde mort, très froid et peu
propice à soutenir une forme de vie, du moins comme nous la concevons,
se basant sur de l'eau, une forme d'énergie et un environnement
stable. Mars apparaît au grand jour comme une planète où la température
ne dépasse jamais 15° même au niveau de son équateur, en plein été;
l'hiver, les températures tombent à -130° la nuit. Pire, l'atmosphère
de Mars est composée à 95% de gaz carbonique et elle est beaucoup
trop ténue, ne serait-ce que pour protéger la surface de la planète
contre le rayonnement ultraviolet du Soleil. Autrement dit, il n'est
pas possible à une forme de vie de survivre à la surface de cette
planète.
Avec l'avènement de l'astronomie moderne, la recherche d'une vie
extraterrestre va principalement être guidée par les conditions
qui ont conduit à l'apparition de la vie terrestre, conditions qui
vont servir de référence. Sur Terre, le passage de la matière à
la vie se fit dans l'eau, il y a environ 4 milliards d'années, avec
des systèmes moléculaires capables d'autoreproduction et d'évolution.
Si Aujourd'hui, on est convaincu que ces conditions existaient vraisemblablement
sur Mars il y a 4 milliards d'années, ce n'était pas le cas en 1980.
A cette époque de l'exploration robotique de la planète rouge, si
les missions ont apporté de nombreuses réponses aux questions en
suspens, de nouvelles voient le jour. On se demande si la vie a
pu apparaître dans l'histoire de la planète et si Mars conserve
dans son sous-sol des niches biologiques.
Fin des années 90
A la fin des années 90, notre vision de Mars a beaucoup changé avec
de nouvelles missions qui cette fois-ci ont envoyé des informations
bien plus optimistes. Des sondes l'ont entièrement cartographiée
et ces photographies révèlent qu'autrefois l'eau coulait sur la
surface aride de Mars. On a pu en déduire que le climat de la planète
rouge était alors, sans aucun doute, beaucoup plus chaud. Même si
cette planète ne porte aujourd'hui aucun signe de vie, il est possible
qu'il en ait été autrement dans sa jeunesse.
La recherche de vie fossilisée prend son essor à ce moment.
XXI siècle
Alors que s'esquissent les premières missions habitées vers Mars,
notre connaissance de la planète Mars n'a jamais été aussi aboutie.
Aujourd'hui, on sait qu'il s'agit d'un monde globalement sec et
froid depuis 3,5 milliards d'années. Les images ont montré que l'activité
fluviale et l'eau des grands réservoirs qui pouvaient être des mers
et autres lacs auraient disparu à ce moment-là. Au niveau des pôles,
tout laisse à penser qu'il devait exister une activité volcanique
jusqu'à tout récemment, et certains scientifiques pensent qu'elle
perdure encore.
On a réussi à déterminer les grandes phases de l'évolution de la
planète, déterminer en grande partie la composition minéralogique
de la surface et la composition moléculaire de l'atmosphère martienne.
Et surtout on en sait bien plus sur le cycle de l'eau de l'histoire
de la planète.
Combinées aux découvertes faites sur Terre concernant les extrêmophiles,
les scientifiques sont bien armés pour savoir où rechercher des
traces de vie éteintes ou vivantes. Les prochaines missions martiennes
s'annoncent passionnantes et sont capables d'avancées significatives
dans la recherche d'une forme de vie sur Mars.
Cette optimiste se base notamment sur la découverte sur Terre de
bactéries nommées extrêmophiles, en raison de leur capacité à évoluer
dans des endroits des environnements extraordinairement hostiles.
Loin sous la surface des océans, par exemple, près de ces cheminées
volcaniques que l'on appelle les "fumeurs noirs", des microbes vivent
et se multiplient à des températures supérieures à 110°, voire selon
certains chercheurs, 170°. D'autres se développent dans des conditions
acides qui décaperaient la peau de n'importe quel être humain; d'autres
encore vivent confortablement dans des roches chaudes à des kilomètres
de profondeur. En revanche, certains micro-organismes préfèrent
le froid à la chaleur: des formes de vies observées dans l'Antarctique
se débrouillent très bien dans ce qui ressemble à un congélateur.
S'il l'on extrapole ces découvertes à la planète Mars, il y a de
fortes chances que la vie sur Mars soit enfouie sous sa surface
et il y a certainement des bactéries sur Terre qui seraient très
heureuses de vivre dans de telles conditions.
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