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Lia Athanassoula, chercheuse au (OAMP/CNRS/Université de Provence)
vient de dévoiler une nouvelle facette de la galaxie d'Andromède.
Cette galaxie, bien connue des astronomes, qu'ils soient professionnels
ou amateurs, se révèle être une galaxie spirale BARREE avec un anneau
externe. Cette découverte étonnante sera prochainement publiée dans
le " Monthly Notices of the Royal Astronomical Society ".
Il est facile de distinguer une barre dans une galaxie vue de face,
mais ceci devient très difficile pour les galaxies très inclinées
par rapport à la ligne de visée. Toutefois, même dans ce cas, la
présence d'une barre peut être révélée par de nombreux indices,
à condition que l'observateur sache les déceler et les interpréter.
C'est en fait un véritable jeu de piste auquel c'est livrée Lia
Athanassoula, spécialiste de la modélisation des galaxies, en collaboration
avec Rachael Beaton, étudiante (niveau licence) à l'Université de
Virginie aux USA, pour étudier sous toutes les coutures la galaxie
d'Andromède.
L'élément déclencheur de toute cette recherche fut en fait un simple
coup d'œil sur un cliché de cette galaxie pris dans l'infrarouge
proche, seule longueur d'onde permettant de rendre " visible " une
barre lorsque la galaxie observée est très inclinée (dans les autres
longueurs d'onde, la poussière cache la barre). Grâce à une connaissance
pointue de la structure des galaxies barrées, acquise par la réalisation
de ses simulations numériques, Lia Athanassoula a immédiatement
soupçonné Andromède d'avoir en son centre une barre relativement
forte en regardant le cliché. En effet, une forme rectangulaire
légèrement de biais avec des protubérances asymétriques de part
et d'autres.apparaissait très nettement. Ces structures principalement
composées de vieilles étoiles détectables dans l'infrarouge, sont
généralement la signature caractéristique des galaxies barrées très
inclinées.
Elle a donc modélisé, à l'aide d'une série de simulations numériques,
les propriétés d'une barre dans une galaxie inclinée de 77 degrés
(comme Andromède) par rapport à l'axe d'observation. Elle a ainsi
reproduit par simulation les profils morphologique, photométrique
et cinématique d'Andromède et obtenus des résultats en parfaite
adéquation avec les résultats observationnels. Ses travaux de recherche
lui ont permis de prouver qu'Andromède est bien une galaxie barrée,
mais aussi de donner des informations sur les propriétés de sa barre,
comme sa longueur, son orientation et sa force.
Cette découverte est intéressante à double titre. Nous connaissons
deux familles de galaxies à disque : les barrées et les non barrées.
Or, des observations en infrarouge proche ont montré que près de
90% des galaxies à disque sont barrées. Ce pourcentage issu des
résultats observationnels concorde d'ailleurs avec les simulations
numériques qui ont permis de mettre en évidence que les barres se
forment de façon naturelle dans toutes les galaxies à disque et
qu'elles sont le moteur interne principal de l'évolution de la structure
et de la morphologie de ces galaxies au cours du temps.
Andromède était donc un sujet d'étude particulièrement passionnant.
Si les résultats des recherches de Lia Athanassoula n'avaient pas
permis de révéler la présence d'une barre il aurait été intéressant
d'en poursuivre l'étude afin de tenter de comprendre pourquoi cette
galaxie à disque échappait à la " règle " visiblement dictée par
les simulations. Mais Andromède se révèle être effectivement une
galaxie barrée et cette découverte permet d'éclairer les chercheurs
sur les mécanismes qui régissent son évolution au cours du temps.
Un nouveau secret d'Andromède, notre " voisine ", vient donc d'être
dévoilé. Elle rejoint désormais la famille des galaxies dites barrées.
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