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03.07.07 Science et technologie
Mieux comprendre l'organisation des projets de l'ESA
 
Avant de vous dévoiler prochainement le scénario sur lequel se base l'Agence spatiale européenne pour construire l'architecture d'une mission de retour d'échantillons martiens (MSR), il nous a apparu opportun d'écrire cet article pour mieux comprendre les différentes étapes qui jalonnent le parcours d'une mission au sein de l'Agence spatiale européenne.

Ces étapes, divisées en phases sont théoriquement appliquées à chaque mission mais peuvent être adaptées selon la disponibilité des financements et les spécificités de chaque projet. Notons également le rôle important des revues qui jalonnent le développement et ponctuent chaque phase.

Le travail de chaque phase est documenté en détail selon des normes que l'ESA a mises au point en accord avec les industriels et chacune des revues est effectuée par une équipe constituée de spécialistes tant de l'ESA que de l'industrie (mais surtout de l'ESA) qui épluchent littéralement le travail qui a été fait et s'assurent, chacun dans son domaine, que tout ce qui a été fait est traçable et a été fait dans les règles de l'art.

MSR en phase A

Dans le cas de la mission MSR, M. Daniel Sacotte, le responsable du programme Aurora, dans lequel s'inscrit cette mission a clairement dit que cette mission était en phase A et que les industriels européens avaient été approchés afin de fournir une première ébauche de scénario/architecture de mission.

Plusieurs années, voire une décennie, peuvent s'écouler entre la phase exploratoire d'un projet et la fin de son activité opérationnelle en orbite. Tout au long de ces années, l'ESA met en ouvre plusieurs phases successives qui conditionnent, par étapes, la poursuite et donc la réussite du projet.

Ces phases, détaillées ci-dessous, sont généralement financées tranche par tranche. Le point de non-retour est atteint avec l'autorisation de passer à la phase C/D. Avant cette étape, il s'agit essentiellement de 'travaux sur papier' et cela ne coûte pas trop cher d'abandonner, voire de retarder, un projet. Avec la phase C/D les budgets changent d'ordre de grandeur et le moindre retard peut coûter très cher comme la communauté scientifique européenne l'a appris à ses dépens lors du retard de lancement de la sonde cométaire Rosetta.

Pour lancer une Phase A, il faut que la mission considérée ait acquis suffisamment de soutien de la part des états membres. Ensuite, en fin de phase A, arrive le prix demandé par le consortium industriel. Si ce prix diffère trop de ce qui avait été estimé au cours de la phase exploratoire, il peut être nécessaire de faire des ajustements, soit sous forme de rallonge budgétaire, soit en élaguant certaines spécifications jugées non essentielles.

Phase 0, phase exploratoire

Elle permet de définir ce que l'ESA (ou l'établissement concerné par le projet) veut faire. Cette spécification des besoins sert pour l'appel d'offres de la Phase A.

Phase A, étude de faisabilité confiée à l'industrie

Elle aboutit à une conception préliminaire. Les principales options techniques, le plan de développement et les coûts sont fixés ainsi que les cahiers des charges des sous-systèmes et des équipements. Elle permet de finaliser le choix de l'équipe industrielle et est sanctionnée par une Preliminary Design Review.

Phase B, étude de conception

Pendant cette phase, l'équipe industrielle retenue établit la conception détaillée du système dans le moindre détail. C'est en principe encore une étude dite 'papier'. Toutefois, l'ESA (ou l'établissement concerné par le projet) peut déjà avoir besoin de démonstrations expérimentales de certains points critiques ou de développer un ou plusieurs prototypes. Elle se termine par une revue de Conception critique (Critical Design Review) qui évalue le risque et permet de décider si l'on peut lancer la phase de construction.

Normalement, lorsque la phase B commence, l'ESA sait où elle va de sorte les surprises sont 'derrière'. Sur le plan budgétaire, les Etats membres ont signé pour au moins 90% du budget estimé. C'est essentiellement une phase d'étude mais il peut être nécessaire de procéder à des expérimentations "sur table" et on peut aussi être amené à passer commande des composants à très longs délais d'approvisionnement.

Phase C/D, développement proprement dit

Il s'agit de la phase de fabrication, d'assemblage et d'essais des systèmes (vibrations, EMC, thermique, etc...). Elle se termine par une revue de Qualification (QR) et une Revue d'Aptitude au vol (FAR) qui autorisent le lancement.

Théoriquement, la Phase C/D signifie que les prix ont été approuvés et plus important qu'il n'y aura plus de problème technique. En pratique, cela n'a guère été le cas lors des précédentes missions.

Phase E

Phase opérationnelle, dite phase d'exploitation en vol.

Phase F

Fin de vie de la mission. Il s'agit de la phase de passivation, de désorbitation.


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