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Avant de vous dévoiler prochainement le scénario sur lequel se base
l' pour construire l'architecture d'une mission
de retour d'échantillons martiens (MSR), il nous a apparu opportun
d'écrire cet article pour mieux comprendre les différentes étapes
qui jalonnent le parcours d'une mission au sein de l'Agence spatiale
européenne.
Ces étapes, divisées en phases sont théoriquement appliquées à chaque
mission mais peuvent être adaptées selon la disponibilité des financements
et les spécificités de chaque projet. Notons également le rôle important
des revues qui jalonnent le développement et ponctuent chaque phase.
Le travail de chaque phase est documenté en détail selon des normes
que l'ESA a mises au point en accord avec les industriels et chacune
des revues est effectuée par une équipe constituée de spécialistes
tant de l'ESA que de l'industrie (mais surtout de l'ESA) qui épluchent
littéralement le travail qui a été fait et s'assurent, chacun dans
son domaine, que tout ce qui a été fait est traçable et a été fait
dans les règles de l'art.
MSR en phase A
Dans le cas de la mission MSR, M. Daniel Sacotte, le responsable
du programme Aurora, dans lequel s'inscrit cette mission a clairement
dit que cette mission était en phase A et que les industriels européens
avaient été approchés afin de fournir une première ébauche de scénario/architecture
de mission.
Plusieurs années, voire une décennie, peuvent s'écouler entre la
phase exploratoire d'un projet et la fin de son activité opérationnelle
en orbite. Tout au long de ces années, l'ESA met en ouvre plusieurs
phases successives qui conditionnent, par étapes, la poursuite et
donc la réussite du projet.
Ces phases, détaillées ci-dessous, sont généralement financées tranche
par tranche. Le point de non-retour est atteint avec l'autorisation
de passer à la phase C/D. Avant cette étape, il s'agit essentiellement
de 'travaux sur papier' et cela ne coûte pas trop cher d'abandonner,
voire de retarder, un projet. Avec la phase C/D les budgets changent
d'ordre de grandeur et le moindre retard peut coûter très cher comme
la communauté scientifique européenne l'a appris à ses dépens lors
du retard de lancement de la sonde cométaire Rosetta.
Pour lancer une Phase A, il faut que la mission considérée ait acquis
suffisamment de soutien de la part des états membres. Ensuite, en
fin de phase A, arrive le prix demandé par le consortium industriel.
Si ce prix diffère trop de ce qui avait été estimé au cours de la
phase exploratoire, il peut être nécessaire de faire des ajustements,
soit sous forme de rallonge budgétaire, soit en élaguant certaines
spécifications jugées non essentielles.
Phase 0, phase exploratoire
Elle permet de définir ce que l'ESA (ou l'établissement concerné
par le projet) veut faire. Cette spécification des besoins sert
pour l'appel d'offres de la Phase A.
Phase A, étude de faisabilité confiée à l'industrie
Elle aboutit à une conception préliminaire. Les principales options
techniques, le plan de développement et les coûts sont fixés ainsi
que les cahiers des charges des sous-systèmes et des équipements.
Elle permet de finaliser le choix de l'équipe industrielle et est
sanctionnée par une Preliminary Design Review.
Phase B, étude de conception
Pendant cette phase, l'équipe industrielle retenue établit la conception
détaillée du système dans le moindre détail. C'est en principe encore
une étude dite 'papier'. Toutefois, l'ESA (ou l'établissement concerné
par le projet) peut déjà avoir besoin de démonstrations expérimentales
de certains points critiques ou de développer un ou plusieurs prototypes.
Elle se termine par une revue de Conception critique (Critical Design
Review) qui évalue le risque et permet de décider si l'on peut lancer
la phase de construction.
Normalement, lorsque la phase B commence, l'ESA sait où elle va
de sorte les surprises sont 'derrière'. Sur le plan budgétaire,
les Etats membres ont signé pour au moins 90% du budget estimé.
C'est essentiellement une phase d'étude mais il peut être nécessaire
de procéder à des expérimentations "sur table" et on peut aussi
être amené à passer commande des composants à très longs délais
d'approvisionnement.
Phase C/D, développement proprement dit
Il s'agit de la phase de fabrication, d'assemblage et d'essais des
systèmes (vibrations, EMC, thermique, etc...). Elle se termine par
une revue de Qualification (QR) et une Revue d'Aptitude au vol (FAR)
qui autorisent le lancement.
Théoriquement, la Phase C/D signifie que les prix ont été approuvés
et plus important qu'il n'y aura plus de problème technique. En
pratique, cela n'a guère été le cas lors des précédentes missions.
Phase E
Phase opérationnelle, dite phase d'exploitation en vol.
Phase F
Fin de vie de la mission. Il s'agit de la phase de passivation,
de désorbitation.
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