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17.06.05 Le point sur le projet Kliper
 
Dans un entretien qu'à bien voulu nous accorder Mr Vladimir Daneev, responsable du programme Kliper au sein de RSC Energia, nous avons fait le point sur l'état d'avancement de ce projet ambitieux.

Kliper est avant tout la prochaine génération de véhicules spatiaux russes. Le premier lancement est prévu en 2011. Il ne s'agit pas d'un remplacement, à proprement parler, des vaisseaux Soyouz. Bien que le Kliper soit également utilisé pour rejoindre la Station spatiale internationale et servir de véhicule de secours des équipages de l'ISS, la RussRoscosmos au Salon du Bourget 2005ie prévoit d'exploiter simultanément et complémentairement ces deux engins.

Kipler sera complètement différent des vaisseaux Soyouz. Son concept et le profil de mission s'inspire sensiblement de Soyouz, mais c'est surtout au niveau de ses caractéristiques que l'on prend conscience du saut technologie que la Russie se prépare à franchir.

Cet engin de 11,5 m de long pour un diamètre de 3 m et une envergure de 7,60 m offre une cabine habitable de 20 m³. Cela permet de transporter un équipage de 6 personnes (2 pilotes et 4 passagers) ou, pour la version cargo 2 pilotes et de 500 à 700 kg de charge utile. Kliper sera également capable de redescendre sur la Terre jusqu'à 500 kg de charge utile alors que le Soyouz est limité à 50 kg.

RSC Energia travaille depuis 2000 à son développement. Toutefois, sa conception remonte au début des années 90 quand la Russie envisageait un véhicule spatial, alors bien plus grand, qui utiliserait les fusées Angara ou Zenith pour son lancement. La maquette montre un engin spatial agressif, aux lignes fluides. La forme aérodynamique n'est pas complètement figée et la version finale sera différente de celle présentée au Salon du Bourget.

Concernant la phase d'atterrissage, Kliper fera une rentrée atmosphérique planante et se posera comme un avion, un profil similaire à celui des navettes américaines. Cette phase pourra se faire de façon automatique ou pilotée à une vitesse d'environ 300 km/h. L'atterrissage sera fera sur des pistes dédiées mais surtout la Russie veut que son engin est accès à un terrain d'atterrissage depuis n'importe quelle orbite. En cas de problème grave du lanceur, Kliper doit être capable de rejoindre un terrain d'aviation pour s'y poser.

La protection thermique de Kliper sera un lointain souvenir de celle-làmême qui recouvrait Bourane, la navette spatiale russe qui a volé une seule fois. Le nez, par contre sera dérivé de la navette spatiale russe. Les Russes ont été très marqués par la perte de la navette Columbia et de ses passagers et suivent de très près le programme de retour en vol des navettes et les recommandations de la CAIB. Ils ont décidé de ne pas utiliser une protection thermique similaire à celle des navettes alors que dans un premier temps cette solution avait été retenue.

Justement, RSC Energia nous a confié qu'elle rencontrait un problème sérieux dans la mise au point de cette protection thermique. Le problème se situe au niveau de la masse de l'engin par rapport à son volume.

RSC Energia souhaite que l'Agence spatiale européenne s'implique plus en avant dans ce projet. Des représentants du CNES nous ont confirmé qu'une ligne de crédit allait être proposée à la la Session du Conseil de l'ESA au niveau ministériel prévue à la fin de l'année. Tout laisse à penser qu'elle sera vraisemblablement adoptée.

Enfin, concernant l'utilisation des infrastructures de Kourou pour envoyer des hommes dans l'espace, le projet se heurte à plusieurs contraintes d'ordre sécuritaire. d'une part les Soyouz qui seront utilisés dès 2008 ne seront pas qualifiés pour les vols habités et autres problème de taille, le fait que l'on soit obligé de tirer au-dessus de l'océan, ce qui pose un réel problème de sécurité pour les astronautes embarqués. Des études ont montré qu'une évacuation dans l'urgence au-dessus de l'océan, et le choc contre l'eau et bien plus complexe à prendre en compte qu'un atterrissage sur le dur.

Le Kliper se compose de trois modules principaux. Le premier module est celui de l'équipage. Il embarque également les instruments et la charge utile. Il sera équipé de deux rangées de sièges où prendront place les 2 pilotes sur la première et 4 passagers sur la seconde. L'espace libre derrière la seconde rangée de sièges est utilisé pour ranger la charge utile.

Le second module est celui dédié à la propulsion et le troisième est le module d'habitation, car ne l'oublions pas Kliper peut rester en orbite basse pendant une quinzaine de jours. Il embarquera les équipements nécessaires au soutien vie. Enfin, sera intégré à Kliper, un système d'évacuation en urgence au cas où un problème survenant sur le lanceur ou l'engin deviendrait critique pour l'équipage.

Ce choix technologique de modules dépensables et réutilisables imbriqués les uns dans les autres permet de réduire le bouclier thermique et l'importance du système d'atterrissage. Enfin, cette solution ouvre la voie à une collaboration internationale, souhaitée par la Russie qui le cas échéant peut se décharger de la construction d'un module.

Note

Aujourd'hui, ce sont les Soyouz qui sont utilisés comme moyen véhicule de secours des équipages de l'ISS et une capsule est amarrée en permanence à la Station. Les règles de sécurité prévoient en effet que ces capsules doivent être remplacées tous les six mois pour permettre, si les circonstances l'exigent, d'évacuer l'équipage dans les meilleures conditions. Ces six mois ne sont pas une 'date limite d'utilisation'. De par leur conception et leur fiabilité, les russes garantissent une utilisation optimale de leur capsule bien au-delà de 9 mois. Kliper, lui, est conçu pour rester accroché à la Station 1 an.

Maquette du Kliper russe présenté au Salon du Bourget :

 
Kliper, le successeur annoncé des capsules Soyouz

Kliper, le successeur annoncé des capsules Soyouz Kliper, le successeur annoncé des capsules Soyouz


Kliper, le successeur annoncé des capsules Soyouz

Cette maquette était un des concepts étudiés par la Russie pour la phase de la rentrée atmosphérique et d'atterrissage. Il reposait sur l'utilisation d'un système de parachutes et une sorte d'airbags pour poser la capsule et ses passagers. Cette idée a été abandonnée en raison de l'instabilité de l'engin spatial au moment de la traversée de l'atmosphère et des risques de voir l'engin se poser sur le côté ou à l'envers et donc poser un sérieux problème de sécurité pour l'équipage.
 
Crédit
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