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Dans un entretien qu'à bien voulu nous accorder Mr Vladimir Daneev,
responsable du programme Kliper au sein de RSC Energia, nous avons
fait le point sur l'état d'avancement de ce projet ambitieux.
Kliper est avant tout la prochaine génération de véhicules spatiaux
russes. Le premier lancement est prévu en 2011. Il ne s'agit
pas d'un remplacement, à proprement parler, des vaisseaux Soyouz.
Bien que le Kliper soit également utilisé pour rejoindre la Station
spatiale internationale et servir de véhicule de secours des équipages
de l'ISS, la Russie
prévoit d'exploiter simultanément et complémentairement ces deux
engins.
Kipler sera complètement différent des vaisseaux Soyouz. Son concept
et le profil de mission s'inspire sensiblement de Soyouz, mais c'est
surtout au niveau de ses caractéristiques que l'on prend conscience
du saut technologie que la Russie se prépare à franchir.
Cet engin de 11,5 m de long pour un diamètre de 3 m et une envergure
de 7,60 m offre une cabine habitable de 20 m³. Cela permet de transporter
un équipage de 6 personnes (2 pilotes et 4 passagers) ou, pour la
version cargo 2 pilotes et de 500 à 700 kg de charge utile. Kliper
sera également capable de redescendre sur la Terre jusqu'à 500 kg
de charge utile alors que le Soyouz est limité à 50 kg.
RSC Energia travaille depuis 2000 à son développement. Toutefois,
sa conception remonte au début des années 90 quand la Russie envisageait
un véhicule spatial, alors bien plus grand, qui utiliserait les
fusées Angara ou Zenith pour son lancement. La maquette montre un
engin spatial agressif, aux lignes fluides. La forme aérodynamique
n'est pas complètement figée et la version finale sera différente
de celle présentée au Salon du Bourget.
Concernant la phase d'atterrissage, Kliper fera une rentrée atmosphérique
planante et se posera comme un avion, un profil similaire à celui
des navettes américaines. Cette phase pourra se faire de façon automatique
ou pilotée à une vitesse d'environ 300 km/h, ce qui permet une meilleur
précision de l'atterrissage. L'atterrissage sera fera sur
des pistes dédiées mais surtout la Russie veut que son engin est
accès à un terrain d'atterrissage depuis n'importe quelle orbite.
En cas de problème grave du lanceur, Kliper doit être capable de
rejoindre un terrain d'aviation pour s'y poser.
La protection thermique de Kliper sera un lointain souvenir de celle-làmême
qui recouvrait Bourane, la navette spatiale russe qui a volé une
seule fois. Le nez, par contre sera dérivé de la navette spatiale
russe. Les Russes ont été très marqués par la perte de la navette
Columbia et de ses passagers et suivent de très près le programme
de retour en vol des navettes et les recommandations de la CAIB.
Ils ont décidé de ne pas utiliser une protection thermique similaire
à celle des navettes alors que dans un premier temps cette solution
avait été retenue.
Justement, RSC Energia nous a confié qu'elle rencontrait un problème
sérieux dans la mise au point de cette protection thermique. Le
problème se situe au niveau de la masse de l'engin par rapport à
son volume. Autrement dit, l'engin est pour le moment trop lourd
(13 tonnes). Le Klipper est une sorte d'évolution du concept
de navette dont l'aérodynamique a été améliorée,
ce qui lui permet de réduire la force G continue dans un
rapport de 1 à 2 - 2,5 et les forces G irrégulières
dans un rapport de 1 à 5.
RSC Energia souhaite que l'Agence spatiale européenne s'implique
plus en avant dans ce projet. Des représentants du CNES nous ont
confirmé qu'une ligne de crédit allait être proposée à la la Session
du Conseil de l'ESA au niveau ministériel prévue à la fin de l'année.
Tout laisse à penser qu'elle sera vraisemblablement adoptée.
Enfin, concernant l'utilisation des infrastructures de Kourou pour
envoyer des hommes dans l'espace, le projet se heurte à plusieurs
contraintes d'ordre sécuritaire. d'une part les Soyouz qui seront
utilisés dès 2008 ne seront pas qualifiés pour les vols habités
et autres problème de taille, le fait que l'on soit obligé de tirer
au-dessus de l'océan, ce qui pose un réel problème de sécurité pour
les astronautes embarqués. Des études ont montré qu'une évacuation
dans l'urgence au-dessus de l'océan, et le choc contre l'eau et
bien plus complexe à prendre en compte qu'un atterrissage sur le
dur.
Le Kliper se compose de trois modules principaux. Le premier module
est celui de l'équipage. Il embarque également les instruments et
la charge utile. Il sera équipé de deux rangées de sièges où prendront
place les 2 pilotes sur la première et 4 passagers sur la seconde.
L'espace libre derrière la seconde rangée de sièges est utilisé
pour ranger la charge utile.
Le second module est celui dédié à la propulsion et le troisième
est le module d'habitation, car ne l'oublions pas Kliper peut rester
en orbite basse pendant une quinzaine de jours. Il embarquera les
équipements nécessaires au soutien vie. Enfin, sera intégré à Kliper,
un système d'évacuation en urgence au cas où un problème survenant
sur le lanceur ou l'engin deviendrait critique pour l'équipage.
Ce choix technologique de modules dépensables et réutilisables imbriqués
les uns dans les autres permet de réduire le bouclier thermique
et l'importance du système d'atterrissage. Enfin, cette solution
ouvre la voie à une collaboration internationale, souhaitée par
la Russie qui le cas échéant peut se décharger de la construction
d'un module.
Note
Aujourd'hui, ce sont les Soyouz qui sont utilisés comme moyen véhicule
de secours des équipages de l'ISS et une capsule est amarrée en
permanence à la Station. Les règles de sécurité prévoient en effet
que ces capsules doivent être remplacées tous les six mois pour
permettre, si les circonstances l'exigent, d'évacuer l'équipage
dans les meilleures conditions. Ces six mois ne sont pas une 'date
limite d'utilisation'. De par leur conception et leur fiabilité,
les russes garantissent une utilisation optimale de leur capsule
bien au-delà de 9 mois. Kliper, lui, est conçu pour rester accroché
à la Station 1 an.
Maquette du Kliper russe présenté
au Salon du Bourget :
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