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D'éditions en éditions, le salon du Bourget confirme sa prééminence aéronautique et la contraction de sa participation spatiale. Les raisons en sont multiples : la concentration de l'industrie, l'absence de grands projets emblématiques, l'indisponibilité de matériel susceptible d'être exposé et surtout les très faibles retombées que peut générer un pareil événement sur les ventes effectives de matériel ou d'équipements, ce qui ne justifie pas d'y investir des frais de représentation disproportionnés.
Est-ce à dire que l'amateur de spatial n'a rien à faire
au Bourget ? Non, mais il lui faudra en arpenter les couloirs
et - s'il le peut - les salles de presse pour y débusquer les
nouveautés intéressantes. Une bonne partie de celles-ci ne se
matérialiseront que sous la forme de maquettes, voire de simples
plaquettes ou même de présentations vidéo lorsqu'il s'agit de
services (navigation, observation, etc.). Parmi les concepts présentés
cette année, on devrait toutefois noter le grand retour du vol
spatial habité, éclipsé depuis l'arrêt d'Hermes, après qu'il eût
assuré le spectacle au Salon de… 1989.
Au pied des Ariane 1 et 5, les pavillons de l'ESA et du CNES
s'acquitteront d'une présentation institutionnelle des programmes
et projets des deux agences. Au CNES l'accent sera mis sur l'exploration
automatique et les applications avec une maquette de rover martien
et une autre de la Terre vue de l'Espace, tandis que l'ESA célèbrera
ses succès dans le domaine du vol habité avec l'ATV et Columbus.
Le point d'orgue sera la présentation, mardi, de la nouvelle génération
d'astronautes européens.
Le même jour, le CNES et Novespace organiseront une démonstration
de vol parabolique avec l'Airbus " Zéro G " à l'intention d'un
parterre de politiques.
Grands industriels
Du côté des grands industriels, les européens EADS, Thales
Alenia et Snecma, afficheront leurs réalisations spatiales aux
côtés de leurs activités aéronautiques ou de défense. Astrium
exposera notamment une version remaniée de sa capsule ARV
- déjà vue à Berlin l'an dernier - ainsi qu'une nouvelle génération
de satellite d'observation, proposition de composante optique
pour le système militaire européen MUSIS (Multinational Space-based
Imaging System). Le Salon devrait être aussi l'occasion d'annoncer
quelques contrats ou partenariats.
En revanche, les américains Boeing, Lockheed Martin et
Northrop Grumman affecteront leur traditionnel profil bas, et
le journaliste spatial aura fort à faire pour rencontrer un interlocuteur
dans leurs chalets. L'inédit sera donc plutôt à chercher chez
des industriels épargnés par le gigantisme comme l'allemand OHB-System,
habituellement guère avare en projets et concepts novateurs, ou
l'italien Avio, qui devrait mettre en avant son rôle dans le petit
lanceur Vega, un an avant son vol inaugural.
Le lanceur Vega sera d'ailleurs présenté en maquette au 1/10e
(3 m de haut) aux côtés du Soyouz (4,5 m) et d'Ariane 5 ECA (5,5
m), sur le statique d'Arianespace. L'opérateur d'Ariane donnera
la priorité aux images avec un écran géant et une salle de cinéma
pour présenter ses activités et surtout l'avancée du chantier
de Soyouz en Guyane.
Projets et nouveautés
Des projets et des nouveautés, il devrait également y en avoir
du côté de la Russie, avec un vaste espace coordonné par Roskosmos,
où les industriels russes disposeront chacun une grande collection
de maquettes dont probablement celle de la sonde Fobos-Grunt
chez Lavotchkine, mais surtout la nouvelle famille de lanceurs
Rus chez Samara ou, chez Energiya, le nouveau vaisseau
PPTS, qui succède au Klipper en vedette il y a deux ans. De
même, le Shenzhou chinois devrait figurer en bonne place
sur le stand de China Great Wall, mais on y guettera plutôt la
possible apparition des lanceurs de nouvelle génération Longue
Marche 5 ou du module-laboratoire Tiangong. Sur les
stands japonais, la vedette spatiale devrait être le cargo ravitailleur
HTV, à trois mois de son premier vol, ainsi que son lanceur
H-2B, mais il devrait aussi être possible d'y voir le lanceur
américano-japonais GX.
Enfin, le curieux ira visiter le pavillon israélien et le stand de l'agence spatiale ukrainienne NKAU, où il y a toujours quelque chose à apprendre, mais aussi les stands des industriels brésiliens et coréens - voire indiens - où il est parfois possible d'avoir des nouvelles indirectes mais fort instructives sur les programmes spatiaux de ces pays.
© Stefan Barensky
(pour flashespace), chroniqueur spatial, arpenteur du salon du
Bourget depuis 1987.
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(28.05.09)
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