20.05.05 |
EADS veut
geler le développement de la version 12 tonnes d'Ariane 5 |
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Dans une interview au quotidien allemand Financial Times Deutschland
le Président d' veut geler le projet de développement de
la version 12 tonnes d'Ariane 5 (Ariane 5 ECB) faute d'un marché
suffisant. Cette décision est pleine de bon sens mais ne se justifie
pas seulement par un marché atone, voire en récession pour les satcom,
le cœur de cible d'.
D'autres facteurs entrent en jeu et à y réfléchir sont tout aussi
pertinents.
Outre la pénurie de satellites à lancer, l'offre de service de lancement
parait aujourd'hui disproportionnée. Arianespace qui détient, bon
an mal an, plus ou moins 50% du marché des lancements commerciaux
est confronté au retour en force des fusées américaines, telles
que les Atlas V et Delta IV et la Russie renforce sa présence et
sa compétitivité sur le marché occidental dont elle est plus ou
moins exclue si ce n'est à travers des partenariats (Sea Launch).
Enfin, le Japon, l'Inde et la Chine, deux puissances émergentes,
affichent leurs ambitions en accélérant le développement de leurs
fusées nationales.
Aujourd'hui, la version 10 tonnes, ou Ariane 5 ECA, répond aux besoins
du marché et même si l'on se projette à échéance de 5 à 10 ans.
A la différence de la version 10 tonnes, la version 12 tonnes est
équipée d'un étage supérieur cryogénique équipé du moteur éprouvé
Vinci capable de 6 heures de vol balistique et jusqu'à 4 rallumages.
La version 12 tonnes d'Arianespace a été pensée dans les années
80 et se destinait au marché des très gros satellites et celui des
missions doubles de façon à minimiser les coûts de lancements. Les
études de marché qui laissaient entrevoir l'avènement des très gros
satcoms et un foisonnement de constellation de satellites en orbite
basse sont aujourd'hui obsolètes. Cette même version trouvait également
sa justification dans le programme Hermès, (projet d'avion spatial
européen), aujourd'hui abandonné.
Cette décision du Président d'EADS Space Transportation était en
filigrane dans la déclaration de l'ancien DG de l'ESA, Mr Rodotá,
qui à la suite de l'échec du premier lancement de version ECA déclarait
qu'il fallait finaliser au plus vite la mise au point de cette version,
il en allait de la crédibilité de l'industrie européenne et de la
pérennité d'Arianespace sur le marché des lancements commerciaux,
et de stopper purement et simplement tout travail de développement
sur la version ECS tant que la version 10 tonnes n'était pas qualifiée.
Soulignons qu'à la demande de clients, Arianespace doit procéder
à deux vols de qualification de la nouvelle version de son lanceur
lourd Ariane 5 ECA. Ces derniers souhaitent s'assurer de sa fiabilité
avant de lui confier leurs satellites. Le premier vol de démonstration
a été réussi en février 2005 avec le lancement de l'Ariane 5 ECA
(V 164).
EADS est une société industrielle dont le but est de faire des bénéfices
et s'il n'y a pas une volonté politique en Europe pour desservir
ISS ou pour se rendre de façon autonome vers la Lune ou Mars, la
firme européenne n'a aucune raison d'investir dans un domaine où
il n'y a pas de marché.
Bref, EADS semble s'orienter vers les vols spatiaux. Plusieurs programmes
qui couvrent les vols automatiques et la phase de rentrée atmosphérique
témoignent de cette stratégie. On pense à Phoenix, le démonstrateur
de Hopper, un système de transport spatial réutilisable pensé par
EADS ST ou encore à la capsule IRDT, un programme mené en
collaboration avec la Russie. Il s'agit de la nouvelle technologie
mettant en œuvre un bouclier de rentrée atmosphérique et de descente
gonflable, un engin similaire à l'ARD mais en plus complexe.D'autres
programmes bien moins médiatiques mais préfigurant des ruptures
technologiques sont également à l'étude. Enfin, EADS s'est associé
à Lockheed Martin dans le cadre du projet de .
Session du Conseil de l'ESA au niveau ministériel (décembre
2005)
Si des annonces sont attendues lors du Salon du Bourget, EADS, par
l'intermédiaire de ses délégués, doit
présenter et préciser à la session du Conseil de l'ESA au
niveau ministériel (décembre 2005) ses ambitions et ses projets
dans ce domaine.
Rappelons que lors de la neuvième session du Conseil de l'ESA au
niveau ministériel (Paris, mai 2003), les ministres européens en
charge de l'espace s'étaient engagés fermement dans des actions
qui visent à garantir durablement l'accès de l'espace à l'Europe.
On avait alors jeté les bases du programme FLPP en vue de développer
et structurer, au niveau européen, les capacités industrielles nécessaires
d'une part pour pouvoir prendre une décision d'ici la fin de la
décennie au sujet d'un concept de système de lanceurs de nouvelle
génération (NGL) (entièrement réutilisables, partiellement réutilisables,
consommables) en vue de leur exploitation opérationnelle vers 2020,
et d'autre part pour faire la démonstration de technologies innovantes
visant à améliorer la compétitivité des lanceurs consommables actuels.
Bref, entre une Europe qui n'a guère les moyens financiers de ses
ambitions spatiales, ce qui l'a contrainte à des choix difficiles
et une Amérique du nord qui tend à se donner les moyens de retourner
sur la Lune et partir à la conquête de l'espace entre la Terre et
Mars, souhaitons que les décisions qui seront prises à la fin de
l'année par les ministres européens en charge de l'espace ne plongent
pas une nouvelle fois l'industrie européenne dans l'expectative
en repoussant des décisions où s'engageant dans de nouvelles tractations
sans fin.
Note
Le coût d'Ariane est largement supérieur au prix du marché et les
industriels ont été priés de diviser par 2 leur coût de production.
L'installation de Soyuz à Kourou est là pour atténuer la concurrence
des lanceurs russes. Dans ce climat morose, la stratégie qui semble
choisie vise surtout à réduire les coûts de lancement en rationalisant
la production d'Ariane 5 et pour couvrir le marché, celui des petits
satellites en orbite basse, qu'Ariane a du mal à combler, l'Europe
a lancé le développement de Vega, un etit lanceur.
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Vega |
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L'Agence spatiale européenne, Arianespace et European Launch
Vehicules (ELV) exploiteront le futur petit lanceur Vega à
partir du Centre Spatial Guyanais de Kourou. ELV (Italie), maître
d'uvre industriel, sera en charge de la production des différents
éléments du lanceur et de leur montage en Guyane et
participera aux opérations de préparation finale et
de lancement. Quant à Arianespace, elle opérera Vega
en réalisant les lancements et sera responsable des installations
de lancement de Vega, de l'intégration du sur le lanceur.
Vega est un lanceur composé de trois étages à propergol solide,
surmonté d'un module supérieur à liquide dit AVUM (Attitude and
Vernier Upper Module) - permettant le contrôle d'attitude et d'orbite,
la séparation des satellites et la désorbitisation - ainsi que d'une
coiffe.
Le premier étage utilise un moteur conçu sur le principe des moteurs
à propulsion solide d'Ariane 5, mais avec un chargement de seulement
85 t environ de propergol. Cet étage sera produit à Kourou. Le deuxième
étage utilise 16 t de propergol solide et le moteur Zefiro, actuellement
en développement chez Fiat Avio. Ce moteur vient de réaliser avec
succès sa troisième mise à feu sur un banc test. Deux mises à feu
supplémentaires seront nécessaires pour le qualifier définitivement.
Le troisième étage (7 t de propergol solide) est récent et faitl'objet
d'études préliminaires. Vega sera lancé depuis le Centre spatial
guyanais, et le premier lancement est prévu fin 2005.
Vue d'artiste du lanceur Vega (Crédits
ESA / J. Huart)
Développé et construit par l'industrie européenne, Vega est conçu
pour le marché des satellites de petite et moyenne dimension (classe
1 tonne) pour des missions en orbite basse circulaire (entre 200
et 1500 kilomètres d'altitude). Il se situe dans la catégorie des
petits lanceurs capables de placer sur orbite polaire (700 km) des
charges utiles de quelque 1500 kg. Vega complétera l'offre d'Arianespace,
qui propose déjà la famille Ariane et le lanceur Soyouz de Starsem.
Toutefois, la décision qui avait motivé le développement de Vega
était la perspective attrayante du marché mondial des constellations
de satellites. Malheureusement, les déboires d'Iridium, les difficultés
de Globalstar et celles des principaux opérateurs à boucler leur
tour de table, n'augure rien de bon pour la rentabilité du programme.
En outre, Vega encombrera un peu plus le marché des lanceurs commerciaux
dont l'éclaircie n'est pas attendue avant 2006.
Note
Vega est un programme de l'ESA financé par l'Italie, la France,
l'Espagne, la Belgique, les Pays-Bas, la Suisse et la Suède. Les
actionnaires d'ELV sont Fiat Avio (70 %) et l'Agence Spatiale Italienne
(30 %).
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14.02.05 |
La famille
Ariane 5 |
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La famille Ariane 4 avait été un succès technologique et commercial
pour l'Europe. Bien avant la fin de son exploitation commerciale,
l'Agence spatial européenne a décidé, en 1987 de développer un nouveau
lanceur plus puissant, plus fiable et capable de conforter la première
place d'Arianespace sur le marché des lancements commerciaux, si
bien que les études exploratoires ont débuté dès 1977.
En effet, au milieu des années 80 on s'est rendu compte que les
performances d'Ariane 4, de l'ordre de 4,9 tonnes en lancement double
en orbite géostationnaire, allaient vite devenir insuffisantes face
à l'accroissement de la masse des satellites, notamment les satcom,
et l'avènement de constellations qui nécessitent des lancements
doubles, voire multiples. De plus, la hausse du nombre des satellites
à placer en orbite montrait l'intérêt de disposer d'un lanceur capable
de lancer simultanément deux satcoms.
C'est dans le but de franchir un saut qualitatif qu'Ariane 5 a été
développée. Il s'agit d'un lanceur complètement nouveau dans sa
conception à l'architecture simplifiée et conçu pour constituer
la base d'une famille évolutive, dont les performances pourront
être augmentées progressivement de façon à rester pleinement opérationnelle
au moins jusqu'en 2020.
Ariane 5 G
La mise au point de cette nouvelle fusée s'est pourtant révélée
plus difficile et plus coûteuse que prévu. Le programme prit même
un certain retard, amplifié par l'échec du premier vol en juin 1996.
La spectaculaire explosion du lanceur, qui causa la perte des quatre
satellites Cluster de l'ESA, est due à l'inadaptation du logiciel
de la centrale de guidage inertiel transféré sans contrôle d'Ariane
4 à Ariane 5.
Le deuxième vol de qualification, en octobre 1997, redonna le sourire
aux équipes, malgré un succès relatif : l'orbite initialement prévue
ne fut pas tout à fait atteinte. Quant au dernier vol de qualification,
il emportait la première capsule européenne de rentrée atmosphérique.
La version générique qui n'a pas encore atteint le degré de fiabilité
des Ariane 4 poursuit son activité commerciale avec 16 missions
réussies. Il s'agit actuellement d'un des lanceurs les plus puissants
au monde, notamment au niveau des moteurs : entre le moteur d'Ariane
4 et le moteur Vulcain, développé par la
pour Ariane 5, on est passé de 6 à 100 tonnes de poussée dans le
vide.
Mais malgré ses défauts de jeunesse, ce moteur a largement contribué
à la réputation d'
et à sa prise de position à l'avant-plan du marché des lanceurs
de satellites commerciaux.
Parmi les évolutions de la fusée qui ont déjà volé, on citera la
version 10 tonnes, dénommée Ariane 5 ECA, mais aussi l'Ariane 5
G+, une version améliorée de l'Ariane 5 générique qui a été utilisé
en mars 2004 pour lancer la sonde Rosetta de l'ESA.
Ariane 5 ECA
L' Ariane 5 ECA est une version qui diffère de l'Ariane 5 générique.
Elle peut emporter dix tonnes de charge contre six tonnes pour l'Ariane
5 générique. Elle est équipée d'une version améliorée de son principal
moteur, le Vulcain (Vulcain 2) et d'un nouvel Etage Supérieur Cryotechnique
A (ESC-A, préfigurant l'ESC-B) qui nécessite l'utilisation d'une
nouvelle table de lancement. Ariane 5 ECA devrait être capable de
placer jusqu'à 10 tonnes en orbite de transfert au regard des 6,9
tonnes atteintes aujourd'hui.
Ariane 5 G+
L'Ariane 5 G+ se compose de l'étage principal cryotechnique (EPC)
de 1ère génération propulsé par un Vulcain 1 et des deux EAP (étage
d'accélérateur à poudre) également de la première génération, avec
toutefois quelques équipements nouveaux dans la tuyère. L'étage
à Propergol Stockable (EPS) est quant à lui un peu particulier en
raison du profil de la mission. Il est intégré dans une nouvelle
case à équipements en matériaux composites, allégée de 100kg par
rapport à la précédente version et munie d'un nouveau système de
séparation à chocs amortis. L'EPS est équipé d'un système de réchauffage
en vue de sa mission balistique, et ses boîtiers électroniques ont
été renforcés pour améliorer leur tenue aux radiations.
Ariane 5 ES
Autre évolution très attendue, la version capable d'emporter
le Véhicule de transfert automatique (ATV). Dénommée Ariane 5 ES,
il s'agit d'une Ariane 5 générique équipé d'un étage supérieur réallumable
à propergol stockable (EPS) qui permettra d'envoyer à fait jusqu'à
la Station spatiale internationale en l'insérant sur une orbite
basse (LEO). La fusée est également équipé d'une case à équipements
qui intègre aussi un système propulsif de contrôle d'attitude à
hydrazine qui comprend deux blocs de tuyères permettant notamment
le contrôle en roulis du lanceur pendant les phases propulsées et
le contrôle d'attitude du composite supérieur pendant la phase de
largage des charges utiles.
Note
Pour information, les lanceurs désignés par la lettre G (G, G+ et
GS) sont équipés du moteur Vulcain 1 alors que les lanceurs désignés
par la lettre E, pour évolution (ECA, ECB) sont équipés du vulcain
2.
Le prochain lancement de la fusée est prévu en avril 2005.
Une Ariane 5 G doit lancer le satcom TELKOM 2 et le milsat SYRACUSE
3A. Arianespace prévoit de lancer un ou deux exemplaires de la version
dix tonnes et 2 ou 3 autres tirs d'Ariane 5.
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La famille Ariane 5
Crédits ESA / D. Ducros |
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