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Dans un communiqué laconique, la NASA a été contrainte de reconnaître
qu'
ne serait pas prêt en 2014 comme initialement prévu. Avec le retrait
annoncé des navettes en 2010, les Etats-Unis seront sans véhicule
de transport spatial pendant au moins 5 ans ! La desserte de l'ISS
sera assurée par les seules capsules Soyouz et son ravitaillement
par des vaisseaux cargo Progress (Russie), ATV (Europe) et HTV (Japon)
Bien que la NASA se dise optimiste pour un lancement d'Orion courant
2014, rien n'est moins sûr. La phase 1 du projet enregistre déjà
un retard de 5 mois et le programme accuse des surcoûts budgétaires
significatifs. Ce retard s'explique par des erreurs dans les conceptions
initiales d'Orion et de son lanceur, un poids qui ne cesse de s'alourdir
depuis les premières études exploratoires et les modifications apportées
pour remédier à ces problèmes.
Masse d'Orion
La masse d'Orion a toujours été un sujet de préoccupation. D'environ
25 tonnes, la masse d'Orion (module de commande + module de service)
a été le facteur principal du choix d'un premier étage à cinq segments
de SRB (Solid Rocket Boosters). Le déficit de performances est provoqué
par des erreurs d'évaluation du poids et des moteurs du véhicule
qui exige cinq segments SRB dans une configuration qui n'a jamais
été testée en vol. La structure, l'aérodynamique, les vibrations
et le comportement de cette configuration ne sont pas du tout maîtrisés.
Déjà on s'inquiète de facteurs extérieurs (conditions météorologiques
…) à même de retarder, voire d'annuler le lancement. Rappelons que
le lanceur et Orion formeront un ensemble haut d'environ 100 m.
Et quand on sait que dans le cas d'une mission lunaire deux lancements
distincts seront nécessaires on comprend mieux le risque que fait
peser le report ou l'annulation d'un des deux tirs.
Mais ce n'est pas le seul souci. Bien que le module de commande
ne pèse 'que' de 11 à 14 tonnes selon la version, les ingénieurs
s'inquiètent de la capacité du système de parachutes à freiner la
chute du module lors de son retour sur Terre et à le poser en douceur
sur le sol. Bien qu'un système similaire ait démontré toute sa fiabilité
lors des missions Apollo, il faut garder à l'esprit qu'Orion, avec
un diamètre d'environ 5 m est 2,5 fois plus volumineux que les capsules
Apollo.
Enfin, la conception du module de service également été revue après
la décision de la NASA d'écarter l'option d'un système de propulsion
oxygène/méthane, plus difficile à développer, au profit de technologies
éprouvées (système hypergolique utilisant de l'hydrazine ou propulsion
hydrogène/oxygène liquide).
Dernières pilules à avaler pour la NASA, le coût opérationnel d'Orion
et sa fiabilité.
Coûts
Alors qu'un des objectifs majeurs du programme Orion/
était de rendre l'accès à l'espace moins onéreux qu'au moyen de
la navette, une étude de la Cour des Comptes US démontre déjà que
le coût du lancement avoisinera les 580 millions de dollars, un
chiffre à comparer aux 450 à 500 millions de dollars dépensés pour
chaque vol du shuttle. Seule pointe d'optimiste, cette étude se
base sur les coûts globaux du programme, sans prendre en compte
l'utilisation commerciale ou militaire du système de lancement,
ce qui permettrait d'en réduite significativement le coût.
Fiabilité
Enfin, parmi les exigences de la NASA, le système de lancement Orion/
doit être plus fiable que la navette. Un taux de perte de 1/2000
est visé. Or, de l'avis même de spécialistes du secteur, il est
peu probable que ce taux sera atteint. Historiquement, le lanceur
le plus sur est le Soyouz russe avec une série de 68 lancements
sans échec. La navette se clase deuxième avec 67 missions sans échec.
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