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La lumière, et plus particulièrement celle qui est invisible à l'œil
nu, peut nous en dire long sur l'origine et l'évolution des étoiles
et des galaxies lointaines. Le (FUSE)
scrute les confins de l'espace afin de capter les rayons ultraviolets
émis par :
- les étoiles massives ;
- les supernovae ;
- les quasars et les noyaux galactiques actifs ;
- les nébuleuses planétaires ;
- les couches extérieures des étoiles froides et des planètes.
Bon nombre d'objets célestes émettent aussi des rayons ultraviolets
(UV) que les astronomes peuvent utiliser pour sonder les minces
nuages de gaz qui se trouvent entre les étoiles et les galaxies
et qui forment le milieu interstellaire.
'L'analyse, par plus de 400 scientifiques du monde entier, des
observations faites par FUSE nous permet de mieux comprendre notre
Univers', de dire John Hutchings, scientifique de projet canadien
pour la mission FUSE, de l'Institut Herzberg d'astrophysique. Le
Canada et la France sont tous deux partenaires dans cette mission
de la NASA qui a été lancée en 1999.
Le deutérium
Récemment, le télescope FUSE a contribué à résoudre un mystère vieux
de 35 ans concernant le deutérium. 'Ce résultat témoigne de la
détermination et du dévouement de toute l'équipe responsable du
projet. C'est l'héritage que laissera la mission', de souligner
George Sonneborn, scientifique du projet FUSE travaillant pour la
NASA.
Le deutérium est une forme d'hydrogène lourd qui a été créé quelques
minutes après le Big Bang, mais qui est détruit par les processus
nucléaires qui interviennent dans la combustion des étoiles. Les
scientifiques étudient minutieusement la destruction de cet élément
de façon à pouvoir mieux comprendre les conditions qui régnaient
dans l'univers naissant et de déterminer depuis quand les étoiles
sont actives. Les mesures prises depuis les années 1970 ont grandement
varié à l'échelle du cosmos. Les faibles concentrations de deutérium
observées dans certaines régions peuvent désormais être expliquées
par les résultats de la mission FUSE. Le deutérium, que l'on retrouve
dans les parties calmes du cosmos, peut fusionner avec les grains
de poussière interstellaire, lesquels contribuent à rendre ce gaz
autrement détectable en élément indétectable. Le télescope FUSE
a permis de découvrir de fortes concentrations de deutérium près
des supernovae et des étoiles chaudes, lesquelles vaporisent les
grains de poussière et libèrent le deutérium qu'ils contiennent.
Le disque de la Voie lactée
Le télescope FUSE a également permis de confirmer une des théories
sur notre galaxie voulant que la Voie lactée soit entourée d'un
immense halo de gaz surchauffé créé par l'explosion d'étoiles il
y a très longtemps. Grâce aux observations de FUSE, les chercheurs
ont pu établir que le disque galactique est plus important que prévu
et qu'il pourrait cacher l'équivalent d'environ 100 millions de
masses solaires, soit plus de 33 billions de fois la masse de la
Terre.
Des étoiles pas si chaudes que cela
À la lumière des mesures effectuées par FUSE, l'échelle de température
des étoiles les plus chaudes et les plus brillantes a été revue
à la baisse de 20 à 25 p. 100. Les étoiles étant moins chaudes que
ce que l'on croyait jusqu'ici, cela signifie qu'elles sont moins
massives que prévu et qu'elles émettent un rayonnement moins intense.
Les résultats de la mission FUSE jettent donc une lumière nouvelle
sur le bilan énergétique des galaxies, sur l'ampleur du rayonnement
énergétique émis dans l'univers et sur le processus de formation
des étoiles. Cette découverte a une incidence sur notre compréhension
de l'évolution de l'univers.
Une équipe qui refuse de baisser les bras
On a mis à l'essai, dans le cadre de cette mission, des idées novatrices
visant à résoudre des problèmes d'ordre matériel. Lorsque les dispositifs
servant à stabiliser et à orienter le télescope sont tombés en panne,
l'équipe a su trouver des solutions créatives afin de maintenir
le télescope dans un état opérationnel. Ainsi, pour orienter FUSE,
les opérateurs se servent désormais des électroaimants du satellites
qu'ils font interagir avec le champ magnétique de la Terre. La caméra
de pointage, qui a été fournie par le Canada, s'est également révélée
utile face à l'adversité. Les opérateurs l'ont reprogrammée afin
de surveiller la dérive du satellite en effectuant le suivi d'une
étoile repère glissant dans le champ de vision.
'Nous avons maintenant un engin spatial doté d'un minimum d'éléments
mobiles. C'est une première dans l'histoire du Canada', de dire
M. Hutchings. 'Cette mission pourrait fort bien changer la manière
de concevoir les engins spatiaux'.
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