|
Le programme lunaire chinois se divise en trois phases. Il prévoit
l'envoi d'un orbiter (phase 1, 2007), l'atterrissage d'un rover
(phase 2, 2012) et enfin une grande mission de retour d'échantillons
lunaires prévue en 2017 (phase 3). Ce programme apparaît comme
des plus ambitieux pour un pays qui n'a pas encore envoyé de sondes
planétaires.
Phase 1
La première mission vient d'être lancée. Il s'agit
de la sonde Chang'e-1, du nom d'une déesse (d'un ancien conte
de fées chinois) qui s'envola vers la Lune. Cette sonde doit se
mettre en orbite autour de la Lune le 5 novembre 2007. D'un poids
au lancement de 2300 kg, Chang'e-1 fonctionnera pendant au moins
1 année. Elle décriera une orbite assez basse, d'environ 200 km
d'altitude. L'Agence spatiale européenne est impliquée dans ce
programme mais ne fournie pas d'instruments scientifiques.
Les objectifs de la mission sont assez basiques et prépareront
avant tout les prochaines étapes du programme lunaire chinois
dont la mission de 2012 qui prévoit l'alunissage d'un lander.
La sonde tracera des cartes détaillées de régions entières, notamment
près des pôles au moyen d'images en 3-D et haute définition.
Elle tracera également des cartes (mesure) de l'abondance, la
concentration et la distribution de 14 éléments présents sur le
sol lunaire dont l'Hélium-3. Ce gaz, combiné avec un isotope de
l'hydrogène, le deutérium, peut produire de grandes quantités
d'énergie et devenir un eldorado lunaire !
Phase 2
Lors de cette phase, la Chine prévoit l'alunissage d'un rover
et non pas d'un lander en 2012. La sémantique est importante.
A la différence d'un lander, un rover est capable de se déplacer
autour de son point d'atterrissage, comme les rovers Spirit et
Opportunity. Cela implique le développement d'un engin plus complexe
et la mise au point du système de propulsion du rover, ce qui
n'est pas une mince affaire quand on sait que chaque gramme a
une répercussion sur la masse totale à lancer depuis la Terre.
Les objectifs scientifiques sont vastes, mais on retiendra une
étude à grande échelle de la lune, de sa tectonique et de sa structure
interne. Ils sont en droite ligne de ceux énoncés dans la phase
1. En filigrane ils visent à préparer au mieux l'atterrissage
de rover mais également de vaisseaux habités. A noter une petite
expérience de mesure des courants thermiques ainsi que la rémanence
du sol au point d'atterrissage.
Le rover se déplacera autour de son site d'atterrissage. Il sera
équipé d'instruments scientifiques qui permettront l'analyse par
différents procédés et longueurs d'ondes de son site d'atterrissage
et ses environs. Des observations astronomiques et du système
Soleil-Terre-Lune sont envisagées mais sans plus d'information.
Reste une interrogation. La Chine n'a pas précisé si le carier
restera en orbite avec des instruments. Deux scénarii sont envisageables.
L'un prévoit le lancement du rover à l'intérieur du module d'atterrissage,
l'ensemble étant propulsé par un étage de croisière entre la Terre
et la Lune (de type mission MER). L'autre scénario possible est
plus complexe car il prévoit l'utilisation d'un module orbital,
mission de type Cassini-Huygens. Dans ce cas, l'orbiter larguerait
le module de descente tout en restant en orbite pour une activité
opérationnelle de plusieurs mois.
Phase 3
Cette dernière étape est la plus ambitieuse du programme car elle
prévoit le retour sur Terre d'échantillons lunaires. L'architecture
de la mission est simple. La chine prévoit le lancement d'un engin
en 2017 qui déposera à la surface de la Lune un rover équipé d'un
bras robotique utilisé pour rassembler des échantillons du sol.
Une analyse in situ de ces échantillons est prévue de façon à
rapporter sur Terre les plus prometteurs .Les échantillons seront
placés dans une capsule de rentrée atmosphérique et retournera
sur Terre.
Mais plusieurs zones d'ombres demeurent. Aucune information n'est
disponible sur cette phase de la mission qui apparaît comme la
plus cruciale avec la remontée en orbite lunaire et le retour
sur Terre.
Noter que la mission du rover ne se terminera pas avec le retour
sur Terre des échantillons lunaires. Le rover poursuivra son activité
autour de son site d'atterrissage et ses environs. Il se peut
que le site d'atterrissage de la mission de 2017 soit utilisé
par la suite pour installer une sorte de poste avancé préfigurant
des missions habitées. Mais on en est pas là et beaucoup de chemin
reste à faire avant de voir le drapeau chinois flotter sur la
Lune.
Etapes suivantes
Les étapes suivantes c'est-à-dire l'envoi d'hommes sur la Lune,
opération préliminaire à l'établissement d'une base permanente
sur le sol lunaire ne sont pas à l'ordre du jour. Consciente que
l'envoi d'hommes sur la Lune ne sera pas une mince affaire et
que le financement d'un tel projet sera colossal, la Chine préfère
avancer par étape et consolider l'accès à l'orbite basse. A partir
de la, il sera temps de développer un nouveau système de transport
capable de rejoindre la Lune.
On l'a vu pour les Etats-Unis en leur temps avec les missions
Apollo, les gaps technologiques à franchir sont importants. Même
si la situation est différente de celle de l'Amérique des années
60, la Chine doit faire face à certaines lacunes et se préparer
à supporter des surcoûts financiers et des échecs.
Articles connexes
(25.10.07)
(01.10.07)
(23.05.07)
(21.05.07)
(14.05.07)
(14.03.07)
(25.08.06)
(13.10.05)
(29.03.06) :
|