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A quelques mois de la session du Conseil de l'
au niveau ministériel,
a dévoilé une ambitieuse feuille de route menant au
développement d'un système de transport spatial habité d'ici 10
ans. A l'occasion du Salon (Berlin), Astrium a dévoilé les résultats de son étude
ATV Evolution qui devait analyser les perspectives d'évolution de
l'ATV vers un système capable, dans un premier temps, de reporter
du fret sur Terre, puis, ultérieurement, de transporter des astronautes
dans l'espace et de les ramener sur Terre en toute sécurité.
Une maquette de la capsule ATV Evolution, volontairement floutée,
a été présentée au Salon ILA 2008.
Compétences européennes
Aujourd'hui, dans le domaine de l'espace habité, l'Europe dispose
de toutes les compétences à l'exception de celle de transporter
des astronautes vers l'espace et de les ramener sur Terre en toute
sécurité. Avec le succès des programmes Columbus et ATV et les acquis
du programme ARD dans le domaine de la rentrée atmosphérique, l'Europe
dispose des savoir-faire nécessaires à la conception et la préparation
de son propre système spatial de transport d'équipages.
La question de l'indépendance
De la même manière qu'Ariane 5 assure maintenant à l'Europe un accès
indépendant à l'espace, de façon à protéger ses intérêts stratégiques,
un système de transport spatial permettrait à l'Europe d'envoyer
ses astronautes dans l'espace sans être tributaire du reste du monde
pour accéder à Columbus et la Station spatiale internationale.
Reste que l'indépendance de l'accès à Columbus est relatif. Aujourd'hui,
l'Europe est copropriétaire de la Station à hauteur de 15%. En échange
de cette contribution, un astronaute de l'ESA peut séjourner à bord
pour une mission de longue durée par an. Si la raison d'être de
ce véhicule est de transférer notre astronaute vers la Station,
cela n'a pas de sens. C'est pourquoi ce futur système devra être
capable de répondre aux besoins des futures missions habitées vers
la Lune.
A plus long terme, cette indépendance européenne renforcerait le
statut de l'ESA comme un partenaire de tout premier plan dans les
futurs projets spatiaux internationaux qui se profilent, notamment
pour l'exploration humaine de Mars.
Premiers résultats de l'étude
D'un point de vue technique et technologique, les deux aspects de
l'ATV Evolution sont parfaitement réalisables. Grâce à Columbus,
le savoir-faire nécessaire en matière de vaisseaux habités a été
acquis, et l'expérience du programme ATV a permis la maîtrise de
contrôle de vol, de rendez-vous et d'amarrage. Des technologies
innovantes ont été également développées. L'ARD et Huygens ont prouvé,
ces dernières années, la maîtrise d'Astrium de la rentrée atmosphérique.
Cette étude démontre donc que l'Europe a d'ores et déjà préparé
les aspects techniques les plus critiques pour développer un système
de transport de fret et de personnes. D'un point de vue financier,
c'est bien plus intéressant que si le lanceur et le véhicule devaient
être développés en partant de zéro.
Feuille de route
Un développement en plusieurs étapes est envisagé. Tout d'abord,
il faudra rendre l'ATV capable de rapporter du fret sur Terre, puisqu'il
est aujourd'hui conçu pour se désintégrer dans les couches denses
de l'atmosphère. Ce qui tomberait à point nommé dans la mesure où,
après le retrait du service des navettes américaines, la capacité
de fret retour ne sera que de quelques kilos et reposera uniquement
sur les capsules russes Soyouz.
Dans un premier temps, une capsule de rentrée pourrait être développée
et testée avec un module de service de l'ATV adapté. Les crédits
de développement bénéficieraient directement aux étapes suivantes,
puisque la taille et le concept de cette capsule correspondraient
à ceux d'une capsule habitée ultérieure. Une première démonstration
en vol de ce système de transport évolué, basé sur l'ATV, est envisageable
pour la version cargo en 2013/2014. Côté lanceur, une Ariane 5 ES-ATV,
sans modification, pourrait convenir puisqu'elle a fait la preuve
des ses capacités lors du tir de l'ATV Jules Verne.
Une capsule de type Viking
Une capsule pour 3 astronautes, incluant un système de sauvetage,
serait ensuite développée dans un second temps. L'expérience acquise
sur l'utilisation en orbite de la version cargo servirait directement
à la qualification de la version habitée. L'Ariane 5 ES-ATV pourrait
également être utilisée dans ce cas, mais l'on devra l'équiper d'un
système fiable de senseurs pour permettre une activation autonome
du système de sauvetage en cas de problème. Dans cette logique,
un premier vol d'une capsule habitée, européenne et indépendante,
est concevable à l'horizon 2017/2018. Notez que dès sa conception
Ariane était prévue pour lancer l'avion spatiale Hermes.
La capsule d'Astrium, d'un diamètre de 3,3 m se baserait sur l'américaine
Viking, utilisée dans les années 70. Elle serait bien évidemment
équipée d'un système d'évasion d'urgence, installé au sommet. Cette
solution présente les plus grands avantages en termes de risque,
les coûts et les délais de mise en œuvre, ainsi que la meilleure
solution en ce qui concerne les besoins de la mission. En plus d'être
capable de transporter du fret et des astronautes vers l'ISS et
retourner sur Terre, cette solution offre les mêmes avantages lorsqu'elles
sont utilisées dans les deux sens de la mission.
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