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En décembre 1997, la sonde envoie une série d'images d'un cratère de 50
km de diamètre situé dans la région de Noachis Terra. Cratère des
plus anodins de sorte que les scientifiques s'attendaient à ne rien
voir d'exceptionnel. Et pourtant, sur ses parois quelle surprise
de découvrir des écoulements en forme de V, formant des ravines
s'étirant, pour certaines, jusqu'au plancher du cratère !
Cette découverte a plongé les scientifiques dans l'expectative à
plus d'un titre tant tout ce qui touche de près ou de loin à l'eau
a des implications non seulement scientifiques, en filigrane se
profile la vie, mais également sur les prochaines étapes de l'exploration
de la planète.
La présence d'eau sous forme liquide est un signe fort de probabilité
de découvrir de la matière organique, voire des organismes et de
découvrir des indices d'une vie éteinte.
Mais ces implications sont encore bien plus grandes dans le cadre
de l'exploration habitée de Mars. Si Mars est une planète aride,
l'homme sera forcé d'amener avec lui toute l'eau nécessaire pour
la durée de sa mission. Tout change si les astronautes peuvent compter
sur des sources d'eau locales. Non seulement ils pourront l'utiliser
pour se désaltérer ou irriter des cultures, mais l'eau pourra aussi
être transformée par électrolyse en hydrogène et oxygène.
Reste que cette découverte ne tient pas si on prend en compte certains
paramètres. S'il ne fait aucun doute que la planète à connu un climat
humide dans son histoire et que son sous-sol renferme des quantités
de glace d'eau non négligeables, les scientifiques ne s'attendaient
vraiment pas à découvrir des écoulements liquides dans cette partie
du globe, et encore moins dans cette configuration.
Si de telles formations avaient été observées sur Terre, on aurait
immanquablement pensé à des ruissellements d'eau. Or, dans le cas
de Mars, tous ces écoulements localisés depuis 1997, le sont entre
30° et 70° de latitude, les régions les plus froides de la planète.
De plus, les suintements ne s'observent que sur des pentes orientées
vers les pôles et peu exposées aux rayons du Soleil, c'est à dire
les parois les plus froides. Notez que moins de 200 ravines ont
été découvertes sur près de 70.000 images acquises par la sonde,
ce qui en fait un dispositif très rare.
Bref, bon nombre de scientifiques doutent de l'origine de l'eau
liquide pour expliquer ces ravines. Certains ont proposé une autre
explication, mettant en cause non pas l'eau, mais le vent. D'autres
ont expliqué leur formation par des glissements de terrain ou encore
des coulées de lave.
Aucune hypothèse ne peut être écartée et on en serait resté la si
une scientifique de l' n'avait pas remarqué fortuitement des ravines étonnamment
similaires sur … la Lune !
Ravines lunaires
La scientifique a utilisé de vielles images de la NASA, acquises
à la fin des années 60 afin de choisir les terrains les plus appropriés
à l'atterrissage des missions Apollo, et repéré à l'intérieur d'un
cratère de 17 km de diamètre des ravines semblables dans leur structure
et leur taille à celles observées sur Mars.
Or, on le sait, il n'existe pas d'eau sous forme liquide à la surface
de la Lune et encore moins dans son sous-sol. Bref, l'eau n'a pas
pu former ces ravines. L'explication la plus plausible est la chute
de micrométéorites, favorisée par l'absence d'atmosphère autour
de la Lune. Ces micrométéorites provoqueraient des éboulements de
terrain.
Or, si cette hypothèse tient dans le cadre de l'environnement lunaire,
il n'est pas possible qu'un enchaînement similaire se produise sur
Terre et sur Mars.
On le voit, l'explication définitive est toujours attendue.
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