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De nouvelles images de l'atmosphère de Titan montrent distinctement
plusieurs couches de la stratosphère de Titan, au-dessus du pôle
nord. L'image qui illustre cet article est en fait une mosaïque
de 24 images acquises par la sonde Cassini, le 27 janvier 2006
sur 23 minutes. Prises d'une distance d'environ 2,3 millions de
km dans le visible, elles sont d'une résolution de quelque 13
km par pixel.
La couche la plus élevée se situe à environ 500 km au-dessus de
la surface de la Lune. On peut la voir clairement entourant Titan
à toutes les latitudes. La matière de cette couche et une substance
condensée, probablement de la glace d'eau. Les mécanismes qui
produisent ces couches ne sont pas compris pour l'instant, mais
des ondes qui se propagent dans l'atmosphère du satellite pourraient
jouer un rôle déterminant.
Cette méconnaissance de l'atmosphère de Titan s'explique par sa
complexité. Epaisse d'environ 1600 km, d'après le lander Huygens
de l'Agence spatiale européenne, cette épaisseur tranche radicalement
avec celle de la Terre, où le vide spatial règne déjà à 400 km
d'altitude !
Pas d'atmosphère sur des lunes similaires
Surtout, on peut se demander pourquoi Titan est doté d'une atmosphère
alors que des satellites comparables comme Ganymède, Europe, deux
satellites joviens en sont dépourvus. Outre leur température supérieure,
favorisant l'échappement d'une atmosphère primitive éventuelle
par agitation thermique, on peut mettre en cause l'acquisition
de l'atmosphère par impacts cométaires: le champ gravitationnel
de Saturne étant très inférieur à celui de Jupiter, les impacts
s'étant produits à la surface de Titan ont été moins violents
que sur les satellites Galiléens, ce qui a évité, au moins partiellement,
la destruction de cette atmosphère primitive.
Une chimie prébiotique
Depuis l'arrivée de
à l'intérieur du système Saturnien, notre connaissance a certes
évolué et progressé, mais pas suffisamment et de nombreuses interrogations
demeurent. Reste que ces découvertes ne sont guère parlantes pour
le grand public. Pourtant, à y regarder de plus près elles fournissent
un regard différent sur une chimie prébiotique, à rapprocher à
l'histoire de la Terre. Des molécules organiques impliquées dans
différents modèles de chimie prébiotique ont été découvertes et/ou
confirmées. Ainsi, Huygens a confirmé la présence dans l'atmosphère
d'acide cyanhydrique (HCN), un précurseur des acides aminés et
des bases des acides nucléiques. Et l'on sait que l'interaction
de l'atmosphère primitive des planètes avec le rayonnement solaire
peut avoir constitué, Titan le prouve, une source non négligeable
de matériaux organiques et de molécules complexes fournissant
les premiers stades de l'évolution moléculaire qui devait, au
minimum sur Terre, conduire à la vie.
Enfin, on sait que cette atmosphère connaît des effets saisonniers
et des mouvements atmosphériques complexes qui mettent à rude
épreuve les scientifiques qui tentent d'en percer les mécanismes.
Enfin,
a mis en évidence l'existence de nuages transitoires ainsi qu'une
structure plurilaminaire de l'atmosphère. En outre, des vents
soufflent dans la haute atmosphère jusqu'à 400 km/h, bien que
la plupart des vents de haute altitude ont une vitesse de l'ordre
de 120 à 130 km/h, vitesse qui s'annule vers 80 km d'altitude
(où la température atteint un maximum), de façon totalement imprévue.
Près du sol, les vents ne possèdent qu'une vitesse modérée.
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