|
Une équipe de scientifiques a peut-être définitivement enterré l'hypothèse
selon laquelle les ravines martiennes sont des écoulements d'eau
liquide. C'est d'autant plus difficile à accepter que leur aspect
incite à les regarder comme tels.
Depuis la première ravine vue en 1997, le rythme de leur découverte
s'est accéléré non pas à cause d'une recrudescence du phénomène
mais tout simplement parce que les sondes qui tournent autour de
Mars sont capables de voir des détails toujours plus petits. En
1997, MGS avait une résolution de 1,5 mètre par pixel contre 27
cm pour
aujourd'hui !
Pour expliquer leur formation, plusieurs scénarii ont été avancés.
En 1999, les images de MGS incitaient à penser qu'ils s'agissaient
d'écoulements d'eau liquide. Hypothèse rapidement abandonnée au
profit d'une qui semble mettre tout le monde d'accord. Du dioxyde
de carbone geler se sublimerait lorsque l'air ambiant se réchauffe,
laissant place à une couche de glace d'eau qui finit par fondre
et trace les ravines en question.
Les autres théories acceptées font état de paquets de neige, de
nappes phréatiques très peu profondes (moins de 300 mètres), voire
à fleur de terre, de dioxyde de carbone fluide ou encore d'eau réchauffée
et mélangée à beaucoup de cailloux, un phénomène d'érosion ou un
phénomène d'inclinaison et de chauffage local des parois.
La seule chose que l'on soit certain, c'est que leur formation est
toute récente (à l'échelle géologique de la planète) et qu'elles
sont formées par quelque chose de fluide dont l'élément fluidisant
ressemble à s'y méprendre à de l'eau. Peut-être une sorte de saumure
salée (sulfate). Précisons également que ces écoulements prennent
leur source sous la surface ce qui signifie qu'ils ne sont pas provoqués
par un épisode venteux important ou encore la chute de débris agissant
en quelque sorte comme un effet boule de neige.
Pour leur étude, les scientifiques ont utilisé les images acquises
par la sonde de la NASA Mars Reconnaissance Orbiter équipé de la
caméra la plus puissante jamais mise en orbite autour de Mars ().
Cette caméra fournit les images de la surface les plus détaillées
jamais vues par les spécialistes.
Avalanche de débris granulaires secs
Ils ont basé leur travail sur l'analyse de ravines présentes sur
les parois d'un cratère de la région Centauri Montes et dont l'aspect
est similaire à celles sur lesquelles 'est basé le travail de Michael
Malin, le concepteur de la caméra de MGS, pour suggérer qu'il s'agissait
d'écoulements d'eau liquide (1999).
Avec une résolution de l'ordre du centimètre, l'analyse des sols,
c'est-à-dire leur nature et leur composition, en devient plus facile.
Une facilité d'autant plus pertinente qu'une résolution aussi élevée
permet de faire de la planétologie comparée dans d'excellentes conditions,
limitant de fait les erreurs d'interprétation, bien qu'elles soient
toujours possibles.
Pour déterminer la nature de ces écoulements, les scientifiques
se sont appuyés sur les images Hirise mais ont également transposé
à Mars des modèles de physique fondamentale de façon. Ils ont tout
simplement comparée le comportement d'écoulements d'eau liquide
et de petites avalanche de débris granulaires secs comme du sable
ou du gravier.
Et bien très clairement il en ressort qu'il ne peut s'agir que de
débris granulaires secs. Cependant, les scientifiques n'écartent
pas l'idée de flux de boue très épaisse contenant environ 50 à 60
% de sédiments. Ces boues auraient une consistance semblable à la
mélasse ou de lave chaude.
D'autres expériences de ce type sont prévues
Premières ravines
Les premières ravines martiennes sont découvertes en décembre 1997
quand la sonde envoie une série d'images d'un cratère de 50
km de diamètre situé dans la région de Noachis Terra. Cratère des
plus anodins de sorte que les scientifiques s'attendaient à ne rien
voir d'exceptionnel. Et pourtant, sur ses parois quelle surprise
de découvrir des écoulements en forme de V, formant des ravines
s'étirant, pour certaines, jusqu'au plancher du cratère !
|