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L'analyse des données acquises par Cassini lors du survol d'Encelade
montre un monde où la vie est possible. La sonde a révélé la présence
d'eau, de gaz carbonique et de molécules organiques dans les éjections
des geysers et détecté des températures de -93 degrés Celsius, suffisamment
élevées pour laisser penser que les températures sous la surface
d'Encelade seraient compatibles avec la présence d'eau à l'état
liquide, un des critères pour que la vie soit possible.
Vie dans le Système Solaire
Après Europe et Titan, Encelade fait donc parti des objets du Système
Solaire où très clairement il se passe quelque chose. Ce 'quelque
chose' s'apparente des organismes primitifs bien incapables d'évoluer
en organismes plus complexes. Mars est un cas à part dans le sens
ou l'on s'attend plus à découvrir des traces d'une vie éteinte plutôt
qu'une forme de vie.
Ces résultats sont d'une grande importance pour comprendre la formation
du Système Solaire et réfléchir sur les conditions d'apparition
de la vie sur Terre et les différents chemins qu'elle peut prendre.
Aujourd'hui plus personne n'ose affirmer que la vie ne peut apparaître
que sur une sœur jumelle de la Terre. Encelade est l'exemple parfait.
Nous voyons là les trois ingrédients de base à l'origine de la vie
: l'énergie, les composants organiques et l'eau. Se pose la question
d'un environnement adéquate et l'absence d'un paramètre de taille,
à la base de la vie terrestre : la photosynthèse.
extrêmophiles
En s'appuyant sur les avancées acquises ces 10 dernières années
sur nos connaissances des différents chemins pris par la vie terrestre,
on pense aux extrêmophiles, on s'aperçoit que la vie est beaucoup
plus robuste qu'on ne le pensait. C'est la confirmation que la vie
n'a besoin de limites physiques très minces pour s'épanouir. En
prenant la Terre comme référent, on s'aperçoit que notre planète
abrite des organismes qu'il y a encore quelques années qu'on pensait
ne pas pouvoir exister.
On en a observé dans des milieux acides, avec des PH pratiquement
négatifs, aussi bien que dans des environnements très basiques.
D'autres prolifèrent dans des eaux très salines, dans les boues
saumâtres, dans les glaces du pôle Sud, à des températures de 110°C,
sans lumière. Des bactéries résistent à des radiations qui tueraient
50 000 fois n'importe lequel d'entre nous.
Encelade
Tout laisse à penser qu'Encelade abrite une forme de vie primitive.
Si la vie sur sa surface n'est pas possible, tout indique que la
lune abrite sous sa surface des niches biologiques où la température
est suffisamment élevée pour que l'eau reste à l'état liquide. Cette
source de chaleur serait issue de la dissipation thermique due aux
effets de marée provoqués par Saturne.
La première étape en vue de répondre à la question de savoir si
la vie existe dans le sous-sol d'Encelade est d'analyser les composés
organiques présents dans les geysers.
L'étude d'Encelade, mais également de Mars, de Titan et d'Europe
sous le prisme de l'exobiologie peut nous amener à franchir La barrière
qui se dresse devant les scientifiques sur la question de l'origine
de la vie terrestre.
En effet, aucun fossile ou indice significatif vieux de plus de
3,5 milliards d'années n'existe aujourd'hui quelque part sur la
planète ! La Terre les ayant complètement effacés par d'incessants
processus de remodélisation de la surface provoquée par la chute
de comètes et d'astéroïdes, d'activités volcaniques et basaltiques.
Cela signifie qu'il n'est pas possible de dater son apparition sur
Terre et encore moins comprendre comme cela a été fait de sorte
que plusieurs théories cohabitent. Les scientifiques vont les appliquer
à Encelade et voir ce qu'il en ressort.
Survolé pour la première fois par Voyager 2 en 1980 et 1981, Encelade
est un des nombreux petits satellites de Saturne. Son diamètre est
d'environ 550 km et par certains cotés ressemble à Europe et Ganymède,
deux satellites, tout aussi glacés, de Jupiter. Mais ce n'est pas
son principal intérêt. Il est l'objet le plus réfléchissant du Système
Solaire et aussi blanc que la Terre apparaît bleue vue depuis l'espace.
Enfin, les scientifiques suspectent la lune d'enrichir en matière
l'anneau E de Saturne, qui coïncide avec son orbite.
Bref, ce petit monde nous rappelle l'incroyable diversité des mondes
du Système Solaire
Où il y a de l'eau, il y a de la vie
Nombreux sont les scientifiques à penser que tant qu'il y a de l'eau
sous forme liquide, la vie trouvera une voie pour apparaître. Ce
qui est vrai pour la planète Terre peut très bien l'être également
sur d'autres régions du Système Solaire.
Sur Terre, la vie peut prospérer dans des endroits inhospitaliers
pour l'homme où les températures peuvent être extrêmes, de plusieurs
centaines de degrés à quelques dizaines de degrés sous zéro. Mais
la vie peut également s'affranchir de la lumière solaire et se développer
dans une obscurité pour ainsi dire totale ou sous une lumière intense.
Un exemple probant est la découverte en 2000 d'extrémophiles se
nourrissant d'hydrogène et de dioxyde de carbone et rejetant du
méthane. Ces organismes très particuliers n'ont besoin ni d'oxygène,
ni de la lumière solaire. Ils prélèvent l'hydrogène contenu dans
les rochers, dans le voisinage de sources d'eau chaude souterraines.
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