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Une équipe de chercheurs dirigée par Annie Zavagno et Lise Deharveng,
du vient d’identifier, pour la première
fois, de manière précise, un des lieux privilégiés de formation
des étoiles massives. Cette découverte, publiée dans un prochain
numéro du journal devrait permettre, grâce à de futures observations,
de comprendre comment se forment ces étoiles si particulières et
si importantes dans l’évolution des galaxies.
Les étoiles massives, dont la masse est au moins 8 fois supérieure
à celle de notre Soleil, intéressent particulièrement les astrophysiciens
car elles ont une influence très importante sur les mécanismes physicochimiques
des galaxies. Elles sont notamment capables de synthétiser tous
les éléments chimiques lourds présents dans l'Univers. Toutefois,
les scientifiques n'ont pas encore pu observer le processus de formation
de ces étoiles car, jusqu'à la récente découverte de l'équipe d'Annie
Zavagno et de Lise Deharveng, il était difficilement possible d'accéder
de façon systématique à leurs lieux de formation. Ils ne disposaient
donc que de modèles théoriques réalisés à partir des lois fondamentales
de la physique pour tenter de comprendre ce processus. Mais, sans
réelles observations aucune certitude ne pouvait être avancée.
C'est en se basant sur les hypothèses avancées par l'un de ces modèles,
le modèle dit de " collect and collapse " (accumulation et effondrement)
que cette équipe de chercheurs a choisi d'observer une zone très
spécifique de l'espace. En effet, les prévisions de ce modèle avancent
que de nouvelles étoiles massives ont de fortes chances de pouvoir
naître à la périphérie des régions ionisées (régions HII) qui entourent
les étoiles massives à forte émission de rayonnement ultraviolet.
Les régions HII ont tendance à s'étendre car la température du gaz
ionisé est plus importante que celle des régions qui l'entourent.
Au cours de l'expansion, une importante quantité de gaz et de poussière
s'accumule autour de la région HII formant une couche plus ou moins
" compacte " (cf. Fig 2 étape 2). Des instabilités gravitationnelles
dans cette couche conduisent à la formation de fragments denses
qui finissent par s'effondrer donnant naissance à une nouvelle génération
d'étoiles massives en bordure de la région HII.
Aussi, afin d'identifier des régions privilégiées pour la formation
des étoiles massives et donc de caractériser le processus physique
conduisant à leur formation, cette équipe de chercheurs a choisi
d'étudier spécifiquement une région HII RCW 79, où l'on observe
un nombre important d'étoiles massives. Cette région se trouve à
plus de 14 000 années-lumière de la Terre, soit environ 883 millions
de fois la distance qui nous sépare du Soleil. Ils ont observé leur
cible dans différente longueurs d'ondes à partir notamment du télescope
submillimétrique suédois et du " New Technologie Telescope " de
l'Observatoire Européen Austral (ESO), mais aussi grâce à des satellites.
Ils ont ensuite combiné les résultats de leurs observations. L'image
composée à partir de ces multiples observations (cf. Fig. 1) leur
a permis de confirmer les prédictions du modèle et d'identifier
plusieurs zones où très vraisemblablement des étoiles massives devraient
commencer à se former.
Cette équipe d'astrophysiciens, pilotée par Annie Zavagno et Lise
Deharveng offre donc à la communauté scientifique un nouveau terrain
de recherche très prometteur et les astrophysiciens vont très certainement
pointer leurs télescopes vers ces régions très spécifiques de l'Univers
pour tenter enfin de comprendre le processus de formation des étoiles
massives.
© (OAMP/ CNRS / Université de Provence)
Cet article est publié dans un
prochain numero du journal
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