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Avec près des deux tiers des satellites actuellement opérationnels
dans le monde lancés par ,
celle-ci est devenue le leader mondial des services de lancement.
Si Ariane 5 a poursuivi avec le succès que l'on sait la réussite
technique et commerciale de la famille Ariane 4, la question de
son évolution, voire de son remplacement par un lanceur de nouvelle
génération à l'horizon 2025 se pose.
De 4 à 9 tonnes
Dans un marché devenu très concurrentiel, l'Europe ne peut pas se permettre de rater ces virages. Avec des satcoms d'environ 4 tonnes qui deviennent la norme, il est clair qu'Ariane 5 ECA est arrivée aux limites de sa capacité d'emport sans que cela ait pour le moment un impact sur l'activité d'Arianespace sur le marché des lanceurs civils.
A moyen terme, l'apparition prévisible de plateformes de nouvelle génération comme la plateforme européenne Alphabus (satcom de 9 tonnes !) en cours de développement, va obliger Arianespace à faire évoluer son lanceur de sorte que la mise en service de la version ECB se profile.
Si aujourd'hui, rien ne semble véritablement en mesure de contrer
la domination d'Arianespace, grâce notamment à l'avance technologique
que représente Ariane 5 sur ses concurrents, personne ne peut pour
autant garantir la pérennité de ce fleuron de l'industrie spatiale
européenne. Comme le dit Roger Vignelles
: 'cette pérennité pourrait être mise à mal tout simplement
parce que pour la première fois depuis le lancement d'Ariane 1 (1979),
le lanceur se trouve en limite de performances sans qu'une version
plus puissante soit en cours de développement permettant de prendre
la relève à temps'.
Mais comme nous le précise Mario De Lepine,
le Porte-parole d'Arianespace, 'contrairement
aux idées véhiculées récemment d'une augmentation continue de la
masse moyenne des satellites à lancer, les prévisions d'Arianespace
montrent au contraire une stabilisation de cette augmentation dans
les années à venir'.
Enfin, n'oublions pas que la crise financière qui frappe la planète et la croissance négative attendu en 2009 dans les pays occidentaux conjugué au très fort ralentissement dans les émergents, voire une récession dans certains pays va vraisemblablement avoir des conséquences sur les projets de nouveaux satellites qui seront soit abandonnés, soit reportés dans le temps.
L'étage supérieur cryotechnique et réallumable
(ECB)
Reste qu'Arianespace est bien consciente que d'ici quelques années
elle devra faire évoluer son lanceur en augmentant sa performance
au risque d'avoir un lanceur qui ne soit plus aussi compétitif tout
simplement parce que la réussite d'Arianespace repose sur le lancement
double. Comme le souligne Mario De Lepine,
'Ariane-5 est le seul lanceur à pouvoir mettre en orbite de
transfert géostationnaire, deux charges utiles d'un coup, offrant
à ses clients performance, flexibilité'. Une capacité vitale pour
assurer la viabilité du lanceur'.
Cette évolution de l'Ariane 5 ECA vers la version ECB désigne un nouvel étage supérieur qui se différenciera de l'étage ECA par le remplacement du moteur HM7B par Vinci, un moteur réallumable en cours de développement chez Snecma. Ce moteur cryotechnique de 18 tonnes de poussée utilise des technologies nouvelles en Europe : cycle 'expander' plus performant que le cycle à générateur de gaz actuel, divergent de tuyère déployable en matériau composite (CMC) et présente l'avantage de pouvoir être réallumable en vol.
Cette version sera capable de transporter jusqu'à 12 tonnes en orbite
de transfert géostationnaire. Pour Mario
De Lepine, 'cet étage ECB permettrait de répondre
aux besoins du marché pendant les dix ans à venir' et de
rajouter : 'le conseil de l'ESA au niveau ministériel qui
se réunira en fin de semaine devrait se prononcer sur l'évolution
d'Ariane 5 et en particulier sur le développement d'un nouvel étage
supérieur.'
Concrètement, l'ESA va proposer au ministre en charge des affaires
spatiales au sein des 18 états membres de 'porter le développement
du moteur réallumable Vinci et du nouvel étage supérieur cryotechnique
à un niveau de maturité technologique permettant de prendre une
décision finale sur la configuration et la phase de développement
complet de la version améliorée d'Ariane 5 en 2011, en vue d'un
vol de qualification vers 2016/2017 et d'une utilisation opérationnelle
au moins jusqu'en 2025', nous confirme Franco
Bonacina, le Porte-parole de l'ESA.
L'intérêt de l'étage ECB
L'augmentation des performances d'Ariane 5 n'est pas le seul intérêt
de l'ECB. Pour Mario de Lepine
son 'utilisation répondra à des besoins spécifiques comme
le lancement des satellites de la constellation Galileo'.
Enfin, l'utilisation d'un moteur réallumable peut pour des missions
moins standards aider à la circularisation de l'orbite et partant
de là augmenter la durée de vie du satellite. Seule contrainte,
si on délivre un satellite sur l'orbite GEO, il faudra faire des
manœuvres pour que l'étage quitte l'orbite.
Note
Vinci est un programme de l'Agence Spatiale Européenne dont la maîtrise d'ouvrage est déléguée au CNES (Centre National d'Etudes Spatiales). Snecma est maître d'œuvre de ce projet et coordonne dans ce cadre ses coopérants européens, au premier rang desquels EADS ST (Allemagne) ainsi que Avio (Italie), Volvo Aero (Suède), Techspace Aero (Groupe Safran).
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