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Bien que les panneaux solaires de Rosetta soient un excellent choix technique pour cette mission, leur rendement est très faible. Ils n'exploitent qu'environ 22 % de l'énergie solaire incidente de sorte qu’ils ne sont d’aucune utilité au-delà de Jupiter, par exemple. L'énergie produite par ces panneaux serait insuffisante pour alimenter un système aussi complexe que Rosetta.
Générateurs thermoélectriques à radio-isotope (RTG)
Se pose la question de la maitrise de ces générateurs thermoélectriques à radio-isotope qu’utilise avec succès la NASA depuis plusieurs décennies. Cette source électrique utilise une matière fissile qui est pratiquement indispensable dès qu'une mission s'éloigne trop du Soleil. Les sondes Voyager, Pioneer, Galileo et Cassini en sont équipées.
Le principe de fonctionnement est simple, puisque c'est la chaleur produite par la désintégration radioactive du matériau fissile, souvent du Plutonium-238, qui est convertie en électricité au moyen de simples thermocouples. Les thermocouples ont besoin d'une source chaude (le matériau radioactif) et d'une source froide qui peut être un radiateur orienté vers l'espace froid. Le rendement de conversion n’est pas très élevé mais il n'y a pas de pièce mobile, et ça peut fournir de l'énergie pendant plusieurs dizaines d'années.
Aujourd’hui, l’Europe ne possède pas cette technologie mais pourrait facilement l’acquérir en développant ou en l’achetant sur étagère. Cependant, l’utilisation civile du nucléaire en Europe est un sujet profond de désaccord entre les Etats de l’UE. Car, outre son coût, soit de développement, soit d'achat, son utilisation se heurte à des implications politiques immenses qu'elle ne semble pas prête à affronter. Des questions environnementales liées à l’échec au lancement ou l’explosion du lanceur dans l’atmosphère freinent également la décision d’investir dans cette technologie.
Le CEA comme d'autres organismes nucléaires européens l'ont d'ailleurs proposé plusieurs fois. Cependant, le coût de développement de cette technologie est prohibitif pour une utilisation épisodique. Par décennie, les missions strictement européennes au delà de l'orbite martienne se comptent sur un des doigts d'une main !
Reste la solution de les acheter sur étagère aux Etats-Unis ou en Russie. Les chances pour l'Europe de s'en procurer aux USA, en dehors d'une mission en coopération, sont pour ainsi dire nulles. En effet, l'organisme nucléaire américain exige, s'abritant derrière les traités de non-prolifération, de mettre en place lui-même RTG sur le satellite. Cela ne peut se faire qu'au dernier moment sur un site de lancement situé sur le territoire américain. Cela signifie l’accès au satellite et l’utilisation d’un lanceur américain. Inacceptable pour des questions de secrets industriels et de prestige. Notez que certains Etats membres de l’ESA pensent que l’achat de RTG auprès des Russes serait plus simple.
Enfin, pour se conformer aux traités de non-prolifération des armes nucléaires, il faudrait militariser le CSG de Kourou et donner à ses personnels une qualification nucléaire, entraînant sans doute la perte de la compétitivité de ce centre pour les lancements commerciaux.
Restons optimistes
Si à l’époque de la définition de la mission Rosetta de nombreux pays européens, l’Allemagne en tête, étaient en pleine phase de dénucléarisation et "Plutonium" était quasiment un gros mot, la situation à bien évoluée et chacun sait que, même pour aller sur Mars, cette technologie pourra s’avérer utile.
Mais comme tout cela est à un horizon encore lointain, les progrès sont très lents.
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