Lorsque se rencontreront à Copenhague, en décembre prochain, les négociateurs chargés du lourd dossier du réchauffement planétaire, leur discussion la plus intense portera sans doute sur la réduction de la concentration de dioxyde de carbone, ou gaz carbonique (CO2) dans l'atmosphère. La ligne d'action qu'ils élaboreront en vue de réduire les émissions de CO2 et de stabiliser les émissions de gaz à effet de serre à un niveau qui soit soutenable pour l'environnement sera d'une importance cruciale pour atténuer les conséquences du changement climatique.
Or, la négociation et la conclusion d'un accord international sur un niveau durable sont une véritable gageure. La 15e Conférence des parties (COP-15) de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) va se tenir prochainement à Copenhague. Le protocole de Kyoto, adopté lors de la 3e COP en 1997, avait établi des objectifs juridiquement contraignants pour les pays industriels qui s´étaient engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre mais plusieurs grands émetteurs, dont les États-Unis, n'ont jamais ratifié ce traité.
Selon le quatrième rapport de synthèse 2007 du GIEC (Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat, lauréat d'un prix Nobel), même une augmentation de 1 à 1,5 degré de la température terrestre aura des conséquences négatives sur l'environnement. Le groupe de travail qui a rédigé ce rapport a indiqué qu'une limite de 2 degrés seulement de la hausse de la température mondiale obligerait les pays développés à réduire leurs émissions de 10 à 40 % d'ici à 2020 et de 40 à 95 % d'ici à 2050. Le groupe de travail a estimé que les «
émissions devraient être réduites considérablement d'ici à 2020 pour les pays développés et pour tous les pays de la planète d'ici à 2050. »
Les dispositions de la première phase du traité de Kyoto expirant en 2012, le gouvernement Obama a placé le changement climatique au cour de sa politique étrangère et mobilisé toute l'influence qu'exercent les États-Unis à cet égard. Les négociateurs de la COP-15 s'activent pour élaborer un successeur au protocole de Kyoto qui soit efficace pour l'environnement et politiquement réalisable pour tous les pays membres.
Écart de développement
La plupart des parties s'accordent sur le principe général « de responsabilité commune mais différentiée » inscrit dans le protocole de Kyoto. Mais définir précisément ce principe a fait l'objet d'un grand débat international.
Pour le professeur Robert Stavins, directeur du projet de l'université d'Harvard sur les accords climatiques internationaux, l'obstacle principal pour la conférence de Copenhague et les réunions des COP futures sera d'éliminer les divisions entre les pays développés et ceux en développement.
«
Il existe une tendance négative de dépendance créée par le protocole de Kyoto », explique M. Stavins,
« à savoir la distinction entre les parties Annexe I [pays développés] et les parties hors Annexe I [pays en développement]. C'est l'obstacle principal auquel nous sommes confrontés aujourd'hui. »
Les pays en développement tels que la Chine, l'Inde et le Brésil insistent sur le fait que les pays développés sont la cause du problème lié aux émissions de CO2 et qu'ils doivent par conséquent assumer les coûts associés à la lutte contre les concentrations de CO2. Ils s'opposent également à ce que leurs émissions, en hausse constante, soient limitées, avançant le fait qu'ils doivent bénéficier des mêmes opportunités de développement que les pays occidentaux, sans la contrainte de réglementations environnementales.
Les pays industrialisés comme les États-Unis récusent toute obligation juridiquement contraignante si les émissions des pays en développement continuent à augmenter de manière exponentielle et à dépasser les niveaux actuels des pays développés. Selon l'Agence d'évaluation de l'environnement des Pays-Bas, la Chine est depuis 2006 le plus gros émetteur de CO2 du monde, devant les États-Unis, et plus de 80 % des émissions futures proviendront des pays en développement.
L'approche récemment soumise par M. Stavins et le projet d'Harvard consiste à ce que chaque émetteur, des pays développés et des pays en développement, s'engage à « respecter des engagements nationaux. » Selon ce modèle, les pays choisiraient un ensemble de mesures adaptées à leurs propres besoins et capacités. Ce modèle offre un certain degré de flexibilité tout en prévoyant un espace de coopération internationale et le maintien de la responsabilité.
Solutions du marché
La plupart des mesures de lutte contre les émissions se concentrent sur les mécanismes de « plafonnement et échange ». Les pays créent des marchés d'échange des émissions qui établissent la valeur du CO2 et imposent aux émetteurs de respecter les quotas qui leur sont octroyés. Les sociétés qui peuvent facilement réduire leurs émissions sont autorisées à vendre ou à « troquer » leurs crédits restants à des sociétés dont les ajustements sont plus onéreux et requièrent plus de temps. Au fil du temps, le plafonnement est revu à la baisse jusqu'à ce que les émissions de CO2 atteignent les objectifs déterminés.
Imposer une taxe carbone aux émetteurs est une solution de marché privilégiée par certains économistes. Le taux d'imposition augmenterait progressivement, permettant aux sociétés d'adapter leurs activités et de réduire leurs émissions dans le cadre de réglementations prévisibles. Le produit des taxes pourrait être utilisé pour apporter des améliorations dans d'autres domaines.
Ces deux approches, qui reposent sur le libre marché, pourraient être élaborées afin d'égaliser le coût des réductions sur une période plus longue et minimiser les difficultés économiques associées à la réduction des émissions de CO2. Les économistes privilégient les approches fondées sur le marché car elles ont une portée plus large pour réduire les émissions de CO2 dans tous les secteurs.
«
Nous voulons que les gens conduisent des véhicules à meilleur rendement mais qu'ils conduisent également moins », a ajouté Ian Parry, spécialiste des changements climatiques au centre de recherche Resources for the Future. «
Pour réduire les émissions du secteur des transports, nous avons besoin de ces deux approches. Et la meilleure façon d'y parvenir, c'est de pouvoir augmenter la valeur des émissions et par conséquent le prix de tous ces combustibles polluants. Ces deux approches encouragent toutes les options imaginables pour réduire les émissions par le biais de l'économie. C'est économiquement avantageux comparé aux autres solutions. »
Coordination internationale
Et pourtant, selon le dernier rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement, les seules solutions du marché ne suffiront pas à éliminer la perception, chez les pays en développement, d'une contradiction entre la réduction des émissions et la croissance économique. Par conséquent, les mesures liées au financement de projets de développement « propre », le transfert de technologies visant à réduire les émissions de carbone et le développement de modes de production respectueux de l'environnement font également partie des discussions internationales.
Par exemple, le Danemark a investi environ un million de dollars (soit 700.000 euros) à Dhaka au Bangladesh pour remplacer plusieurs briqueteries très polluantes par 20 usines plus efficaces. Le projet devrait améliorer la qualité de l'air à Dhaka et empêcher le rejet de 50.000 tonnes de CO2 dans l'atmosphère. Le projet devrait compenser les émissions supplémentaires générées par la tenue de la COP-15 à Copenhague, ce qui rendra ces négociations « neutres » pour l'environnement.
D'autres options en étude comprennent la lutte contre le déboisement, le planning familial, les investissements dans la recherche-développement de techniques de réduction des émissions ainsi que des campagnes de sensibilisation des consommateurs sur les moyens de réduire leurs émissions de CO2.
© Carlyn Reichel
Pour plus d'infos, voir le site web sur les changements climatiques d'America.gov.
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