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Plus de 27 mois après son atterrissage à l'intérieur de Gusev, un
cratère d'impact d'un diamètre d'environ 165 km et probablement
formé il y a trois à quatre milliards d'années quand un astéroïde
géant s'est écrasé au sud de l'équateur de Mars, le rover Spirit
( de la NASA) a atteint un des deux sommet de la colline Husband
la plus haute de la chaîne de collines Columbia.
Situé à plus de 80 mètres de hauteur, le rover a maintenant une
vue dégagée des environs. On observe sans mal au loin les parois
internes du cratère Gusev et un cratère qui se trouve dans Gusev.
Des affleurements roches sont également visibles, mais ce qui intéresse
les scientifiques c'est une petite région située à près de 1 km
et nommée 'Home Plate'. Il s'agit d'une zone étrangement lumineuse
apparaissant comme un plateau entouré d'un rempart plus clair. Peut-être
qu'il s'agit des restes d'un dépôt de sel, consécutif à l'évaporation
du lac qui occupait ce cratère il y a bien longtemps ?
D'ici là, le rover va rester au sommet plusieurs jours, voire quelque
semaines pour prendre le temps de réaliser un panorama très précis
et sans aucun doute exceptionnel. Des analyses du terrain et des
rochers sont également prévues (spectromètres et image microscopiques).
Tout comme sur Terre, prendre de la hauteur présente certains intérêts
scientifiques. D'une part l'on a une vue dégagée des environs ce
qui permet de se faire une idée du contexte dans lequel a évoluer
la région. Mais surtout, il s'agit de rechercher de nouveaux types
de matériel. En effet, collines et montagnes peuvent se former par
une accumulation de matériaux qui se présente sous la forme de couches
successives.
Mais, dans le cas de Spirit, il y a un autre intérêt, celui de pouvoir
capter plus facilement les rayons du Soleil. A mesure que l'on s'enfonce
dans l'hiver martien, la quantité d'énergie solaire tend à se réduire
constamment car le Soleil est très bas dans le ciel. Les ingénieurs
du JPL usent de toutes leur connaissance du terrain et du rover
pour incliner autant faire ce que peut les panneaux solaires vers
le Soleil.
Spirit, quelle performance !
Quand on pense que le rover a été conçu pour une mission de 90 sols
martiens et parcourir 600 m, on se rend bien compte de la performance
du rover pour gravir cet 'Everest'. Depuis le début de sa mission,
il y a 17 mois, le rover a parcouru plus de 5 km. Cette longévité
s'explique en partie par la qualité des équipements de Spirit qui
résistent mieux que prévu aux contraintes du climat martien, par
le soin que prennent les ingénieurs du JPL à tracer sa route mais
surtout par les incessants Dust devils, ces tourbillons de sable
qui surviennent ici et là et dont les vents qui les accompagnent
débarrassent littéralement le rover des poussières qui s'accumulent
notamment sur ses panneaux solaires.
Gravir cette colline n'a pas été facile car le terrain ne s'y prêtait
guère. Par endroit, les roues du rover creusaient un sillon assez
profond pour le faire glisser et tomber dedans. La poussière, très
présente par endroit, pouvait faire craindre le pire. Mais la colline
étant très exposé aux vents, les particules qui pouvaient se déposer
sur le rover était balayé sans cesse.
Enfin, si la montée a été difficile, la descente le sera d'autant
plus que les ingénieurs du JPL n'ont aucune expérience de cette
phase de la conduite du rover. Si plus d'une année aura été nécessaire
pour la gravir, Spirit devrait mettre quelque 150 jours pour redescendre.
Cela peut paraître long mais plusieurs arrêts seront observés, en
raison de l'intérêt scientifique que ne manqueront pas de soulever
certaines roches que le rover sera amené à croiser sur sa route
et surtout identifier le meilleur chemin de façon à ce que Spirit
ne craint pas de se retrouver sur un chemin trop pentu ou difficile
d'accès car ne l'oublions pas, une roue du rover est toujours endommagée.
Tout au long de la descente (en direction du sud) les scientifiques
voudront savoir si les roches sont inclinées au sud dans la descente.
Jusqu'ici les pierres et roches sont en grande partie inclinées
vers le nord. Cela peut nous fournir des indices intéressants au
sujet de la structure de cet ensemble de collines et, dans une moindre
mesure, de leur évolution.
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