19.09.05 |
Tempel-1 :
Nouveaux résultats scientifiques |
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Plus de deux mois après l'impact contre la comète Tempel-1, les
scientifiques continuent à faire parler le nuage de poussière et
de gaz éjecté dans l'espace après la formation du cratère. Ces résultats
ont pour conséquence directe d'améliorer nos connaissances des comètes.
Pour les théoriciens de la formation des planètes, il s'agit là
de parfaire nos modèles.
L'
lancé contre la surface de la comète a bien évidemment formé un
cratère d'impact mais a également soulevé une grande quantité de
poussière et de gaz d'une telle ampleur que les scientifiques n'ont
toujours pas pu voir de cratère à travers cette poussière d'une
finesse extrême.
Si ce cratère ne peut pas être vu dans le visible, il l'est dans
l'infrarouge. C'est pourquoi Spitzer et plusieurs télescopes terrestres
fonctionnant dans l'infrarouge ont été coordonnés pour observer
la comète pendant et après l'impact.
Cette longueur d'onde permet aux scientifiques de s'affranchir de
la poussière qui entoure un objet. Ainsi, le nuage de poussière
et de gaz qui s'est élevé au-dessus du cratère ne permettait pas
d'observer dans le visible la partie de la surface mise à nu. L'observation
dans l'infrarouge était possible et 1 heure après l'impact, les
spectromètres des grands télescopes terrestres étaient à même de
déterminer la composition de certains éléments propagés dans l'espace
mais également ceux présents sur le plancher du cratère.
Mais ce n'est pas tout. Si la ,
qui se déplaçait à plus de 37.000 km, ne pouvait pas étudier de
façon optimale le cratère, les télescopes terrestres étaient tout
désignés pour fournir une vue globale de l'événement. Ils ont déterminé
qu'environ 1000 tonnes de poussières ont été éjectées dans l'espace.
Le télescope spatial Spitzer
Spitzer a pu suivre en direct l'évolution des éjectas se dispersant
dans l'espace. Et déjà les premières analyses surprennent ! Une
première série de résultats a été publiée dévoilant la signature
infrarouge de certains de ces éléments primitifs. Si la présence
de certains éléments n'est pas une surprise, comme les silicates
sous forme de sable, la présence d'argile, mais aussi des ingrédients
surprenants comme de l'argile ou divers composés chimiques que l'on
retrouve dans les carbonates. La présence de ces composés étonne,
parce que les scientifiques pensent que leur formation nécessite
de l'eau liquide. Et déjà on se demande comment de tels éléments
se forment sur un monde complètement gelé.
Première hypothèse. Cela peut signifier qu'au début de l'histoire
du Système Solaire tous ces éléments étaient mélangés ensemble à
l'intérieur de la même région proche du Soleil là où l'eau reste
liquide. Mais ce n'est pas tout. Des produits chimiques jamais vus
dans des comètes ont également été découverts par Spitzer, tels
que des composés fer et hydrocarbones aromatiques comme en trouve
sur Terre parmi la pollution produite par les barbecues ou les gaz
d'échappement d'automobiles. Les silicates repérés par Spitzer sont
les grains cristallisés encore plus petits que le sable. Un de ces
silicates est un minéral appelé olivine que l'on peut trouver à
Hawaii.
Télescopes terrestres
Parmi ces observatoires, figurent les plus grands instruments que
sont les 2 ,
les 2
et le .
Ces trois télescopes ont observé la comète dans le proche infrarouge,
longueur d'onde inaccessible à Deep Impact. Le Japonais Subaru et
les télescopes de 8 m Gemini ont fourni des informations sur la
composition de la poussière tandis que le télescope de 10 m Keck
a détecté des composés organiques à base de carbone comme l'éthane
et l'eau.
Ces découvertes montrent un mélange complexe de silicates, d'eau
et de composés organiques présents sur la comète. Ces éléments sont
d'ailleurs présents sur une famille de comètes, celles qui résident
dans le nuage de Oort. Ce Nuage est un gigantesque réservoir de
comètes situé au-delà de la Ceinture de Kuiper, aux confins du Système
Solaire, et vestige des débuts de la formation des 9 planètes. Il
renferme plus de 100 milliards de ces objets.
Les comètes formées dans une même pouponnière
Reste que la comète Tempel-1 n'est pas considérée comme faisant
partie du Nuage de Oort en raison de son orbite ! Elle est censée
s'être formée dans une autre région du Système Solaire, tout aussi
éloignée. Ce qui fait dire aux scientifiques que les différences
entre les familles de comète ne sont que superficielles et que la
composition de leur noyau doit être commune. Cette similitude implique
que les deux types de comètes pourraient avoir partagé le même un
lieu de naissance dans une région du Système Solaire où les températures
étaient suffisamment chaudes pour produire les matériaux observés.
Il est probable que ces objets se soient formés entre les orbites
de Jupiter et de Neptune, dans une même pouponnière.
Note
Les planètes, les comètes et les astéroïdes se sont formés à partir
du même nuage de poussière et de gaz entourant le jeune Soleil,
alors récemment formé il y a maintenant près de 4,5 milliards d'années.
Les comètes et les astéroïdes sont les résidus de la formation des
planètes. Cela signifie que ces blocs rocheux, ou planétésimaux,
n'ont pas pu s'agglomérer ensemble et former une planète. Ils se
sont formés dans les régions les plus éloignés du Système Solaire
là où les températures sont les plus basses. De sorte que l'on est
convaincu que la matière primitive de la nébuleuse solaire doit
se trouver piégée dans ces objets.
Le but de la mission Deep Impact était de 'voir' ce que renfermait
la comète Tempel-1 en lançant un impacteur de façon à former un
cratère d'impact. Parmi les poussières et gaz éjectés dans l'espace
il se trouve des éléments primitifs des débuts du Système Solaire.
Or, ces éléments sont à la base de la formation des planètes et
de tous les autres petits corps du Système Solaire d'où l'importance
que revêt leur analyse d'une part pour comprendre ce qui c'est passé
au début de la formation du Système Solaire mais également déterminer
quel cheminement peut prendre le disque protoplanétaire de telle
ou telle étoile.
La comète Tempel-1 n'a pas été choisie au hasard. D'une part son
orbite l'approche suffisamment prêt de la Terre de façon à coordonner
des observations terrestres dans de bonnes conditions, mais surtout
elle tourne assez loin autour du Soleil de sorte que son noyau n'est
pas affecté outre mesure par le rayonnement solaire. Son sous-sol
reste a l'abri des amplitudes de températures, la surface ayant
accumulé suffisamment de débris tout au long de son histoire pour
former une couche protectrice suffisamment épaisse.
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La comète Tempel-1 vue dans le proche infrarouge.
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Crédits Subaru Telescope,
National Astronomical Observatory of Japan (NAOJ)
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