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Des carottes glaciaires ont permis d'estimer que la température
moyenne y a augmenté de 0,2 degré Celsius.
Malgré de récentes données indiquant un refroidissement important
de l'Antarctique pendant les années 1990, de nouveaux travaux de
recherche laissent penser que le continent le plus glacial du monde
a subi un réchauffement progressif au cours des 150 dernières années.
Selon le communiqué de presse que l'université de Washington a diffusé
le 5 septembre à ce sujet, les enregistrements météorologiques de
courte durée n'avaient pas permis de déceler cette tendance au réchauffement
car elle était masquée par les fortes variations de température
qui ont eu lieu au XXe siècle.
Les nouveaux travaux de recherche ont été financés en grande partie
par la Fondation nationale des sciences des États-Unis, ainsi que
par le Comité scientifique sur la recherche dans l'Antarctique et
par un centre de recherche australien (Cooperative Research Centre
Program).
À l'aide de carottes glaciaires prélevées dans 5 zones différentes,
des chercheurs australiens, allemands et américains ont réussi à
dresser des courbes de température qui montrent que la température
moyenne dans l'Antarctique a augmenté de 0,2 degré Celsius en 150
ans.
Cela peut ne pas paraître beaucoup, mais cette hausse globale comprend
la baisse de température qui a été de près de 1 degré Celsius pendant
les années 1990, a indiqué un chercheur de l'université de Washington,
M. David Schneider, qui est le principal auteur d'un article publié
le 30 août dans la revue scientifique « Geophysical Research Letters
».
Selon lui, « même si l'on tient compte du refroidissement des années
1990, on peut observer une hausse de deux dixièmes de degré depuis
la moitié du XIXe siècle à la fin du XXe. »
La principale raison de ce refroidissement de l'Antarctique pendant
les années 1990 tient au fait que le phénomène naturel connu sous
le nom de l'oscillation antarctique a été en grande partie dans
sa phase positive durant cette période. Ce phénomène est ainsi dénommé
parce que la pression atmosphérique dans les latitudes de l'extrême
Sud oscille aléatoirement entre une phase positive et une phase
négative. Pendant la phase positive, un tourbillon de vent a lieu
au-dessus de la région polaire et empêche l'air chaud de se mélanger
à l'air glacial du pôle, ce qui a pour effet de garder l'Antarctique
plus froid.
En général, l'oscillation antarctique passe d'une phase à l'autre
presque tous les mois, mais pendant les années 1990 la phase positive
a eu lieu beaucoup plus souvent que la phase négative, fait remarquer
M. Schneider dans son article. Sans cette oscillation, ajoute-t-il,
il est probable que l'Antarctique serait sujet au même genre de
réchauffement que le reste de l'hémisphère austral.
Avant 1975, l'Antarctique semble avoir subi un réchauffement au
même rythme que le reste de l'hémisphère, soit quelque 0,25 degré
Celsius par siècle. Toutefois, depuis 1975, si l'on a observé un
refroidissement général de l'Antarctique, le réchauffement de l'hémisphère
austral a été de l'ordre d'environ 1,4 degré Celsius par siècle.
« La seconde moitié du XXe siècle a été marquée par une variabilité
très grande. Les périodes de refroidissement correspondent à une
oscillation antarctique très forte en phase positive. Il convient
de dire cependant que nous ne comprenons pas bien la relation entre
le réchauffement climatique global et l'oscillation antarctique.
Néanmoins, grâce aux courbes de température de ces 200 dernières
années, nous sommes convaincus qu'il existe une relation entre les
changements de température dans l'hémisphère austral et dans l'Antarctique.
»
Par ailleurs, M. Schneider précise que d'autres travaux de recherche
semblent indiquer que la diminution de la couche d'ozone dans l'hémisphère
austral maintient l'oscillation antarctique dans sa phase positive
pendant de plus longues périodes.
Le fait que l'Antarctique soit le continent le plus sec du monde
a compliqué l'établissement de la courbe annuelle de température
pour les deux derniers siècles. Souvent il y tombe très peu de neige
pendant une année donnée, même si la neige tombée pendant des milliers
d'années y est préservée dans la calotte glaciaire.
Dans le cadre de ces travaux de recherche, des chercheurs ont prélevé
des carottes glaciaires dans 5 zones où il tombe en général au moins
38 cm de neige par an, ce qui a fourni plus de matière brute à examiner
pour chaque année. Ils ont étudié les isotopes d'oxygène et d'hydrogène
se trouvant dans les carottes glaciaires afin d'établir pour la
première fois les courbes de température dans l'Antarctique ces
150 dernières années.
« Nous sommes à peu près sûrs que nous avons raison, même s'il convient
de mettre davantage au point certains des détails », indique M.
Schneider.
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