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Les observations directes des mers, de la surface terrestre, de
l'atmosphère et des glaciers ont permis aux scientifiques de dire,
en 2007, qu'ils étaient à 90 % sûrs que le climat de la Terre se
réchauffait et que les changements étaient imputables aux activités
humaines.
Les données recueillies par un vaste réseau d'instruments placés
aux quatre coins du monde et par des particuliers se sont beaucoup
affinées depuis près de quatre siècles, lorsqu'un groupe de chercheurs
vénitiens a mis au point, en 1653, le premier thermomètre, cet instrument
qui depuis permet aux gens de consigner les variations de températures.
Pratiquement dans toutes les régions habitées du monde, les gens
procédaient à des observations systématiques de la météo dès la
deuxième moitié du XIXe siècle, précise le Groupe intergouvernemental
d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) dans sa quatrième évaluation
des changements climatiques publiée en 2007.
Mais c'est l'exploration de l'espace, et en particulier le placement
de satellites en orbite terrestre, qui a aidé les chercheurs à mieux
comprendre la complexe interdépendance qui existe entre les divers
mécanismes de notre globe, en particulier les influences mutuelles
de la masse terrestre, de l'atmosphère, des mers et des hommes.
De l'avis de M. Michael King, éminent chercheur du Centre spatial
Goddard de la NASA attaché au Projet d'observation du système terrestre,
les satellites sont absolument indispensables pour les observations
de la Terre. Ils représentent, a-t-il expliqué à l'USINFO, 'le
meilleur moyen d'observer intégralement l'ensemble du système terrestre
sans empiéter sur les frontières nationales ou gêner les différents
systèmes d'observation'.
Observation à distance
Les satellites sont l'un des moyens de recueillir des informations
concernant un objet sans être physiquement en contact avec cet objet,
une observation dite 'à distance' à laquelle les chercheurs ont
recours depuis l'avènement des vols spatiaux.
Le premier satellite civil servant à recueillir des données concernant
la Terre a été lancé en 1972. Baptisé au départ 'Earth Resources
Technology Satellite', ce satellite qui a été rebaptisé Landsat
1 par la suite, avait été mis au point par la NASA et, grâce à lui,
le public pouvait, pour la première fois, regarder des images retransmises
par satellite. Depuis, plusieurs satellites Landsat lui ont succédé
et ont été placés sur orbite terrestre.
Même si ses fonctions sont aujourd'hui limitées, le satellite Landsat
5, lancé en 1984, fonctionne toujours, alors que sa durée de vie
ne devait être que de 3 à 5 ans. Le satellite , lancé en 1999, connaît pour sa part des problèmes de capteurs
depuis 2003 qui entravent ses fonctions. Il est prévu que les réserves
de carburant de ces deux satellites soient épuisées en 2010 ou 2011
et que le prochain satellite, le Landsat Data Continuity Mission,
soit déployé en 2011.
Observatoires de la Terre
Entre-temps, les États-Unis, plusieurs pays d'Europe, le Japon,
la Chine et l'Inde ont déployé des satellites météorologiques et
d'observation de la Terre.
Aux États-Unis, a expliqué M. King, le système d'observation terrestre
de la NASA (Earth Observing System, ou EOS) a été mis au point à
la fin des années 1980 pour permettre l'observation pendant 15 ans
des principales caractéristiques du système terrestre, notamment
de l'atmosphère, des mers, des régions glaciaires et de l'énergie
solaire.
L'EOS se compose de plusieurs satellites, d'instruments scientifiques
et d'une banque de données qui soutiennent des satellites fonctionnant
en coordination qui sont placés sur trois orbites différentes. La
plupart des satellites transportent des instruments mis au point
par des chercheurs de divers pays, notamment du Canada, de la France,
du Brésil, de la Russie et du Japon.
Ces satellites comprennent
- Terra, déployé en 1999. Ce satellite transporte 5 capteurs,
canadiens et japonais entre autres, qui relèvent les effets mutuels
qu'ont l'atmosphère, la masse terrestre, les mers et l'énergie rayonnante
(chaleur et lumière) ;
- Aqua, déployé en 2002. Il s'agit là d'un projet conjoint
des États-Unis, du Japon et du Brésil. Ce satellite transporte six
capteurs en vue de l'observation des mers, de l'atmosphère, de la
masse terrestre, des couvertures glacières et neigeuses et de la
végétation ;
- Jason-1, déployé en 2001. Dans le cadre d'une mission océanographique
conjointe de la NASA et du Centre national d'études spatiales de
France, ce satellite observe à l'échelle planétaire les effets du
climat sur les mers et l'atmosphère.
Les données recueillies par l'EOS jouent un rôle crucial dans l'élaboration,
par le GIEC, de rapports quinquennaux sur l'évolution du climat
et sont mises gratuitement à la disposition du public aux quatre
coins du monde, fournissant, ainsi que le fait valoir M. King, 'des
images jamais vues auparavant de notre planète, qui est en évolution
perpétuelle'.
Les lacunes des observations
Malgré les progrès enregistrés par les techniques d'observation
de la Terre, les observations, qu'elles proviennent de ballons-sondes,
de satellites, de navires, de stations météorologiques ou de bouées-laboratoires,
sont imparfaites lorsqu'elles servent à enregistrer des données
relatives au climat à l'échelle mondiale.
'La plupart des observations, en particulier dans l'atmosphère,
sont faites en vue de prévisions météorologiques, et non pas pour
étudier l'évolution du climat', a précisé à l'USINFO M. Kevin
Trenberth, responsable du bureau chargé des analyses climatiques
au Centre national de la recherche atmosphérique, également l'un
des auteurs du rapport sur l'évolution du climat publié en 2007
par le GIEC et président du groupe de travail 'Obervations et Assimilation'
du Programme mondial de recherche sur le climat (World Climate Research
Program, ou WCRP), ajoutant : 'Leur qualité n'est pas adéquate
pour le suivi du climat (...) Mieux adaptées aux besoins, ces observations
pourraient être bien plus utiles pour l'évaluation du climat. Il
n'en demeure pas moins qu'à travers le monde, des gens s'efforcent
de modéliser l'évolution du climat à partir de ces données.'
Le groupe de travail du WCPR est intervenu auprès des diverses agences
spatiales du monde pour que leurs observations servent les besoins
d'un nombre plus important d'utilisateurs. Les membres du groupe
proposent de mettre sur pied un programme international pour réévaluer
les données recueillies depuis 1970 'afin d'avoir une meilleure
idée de la façon dont les choses ont évolué depuis'.
S'ils ne peuvent se fier entièrement sur les données tirées des
observations, les scientifiques restent néanmoins convaincus que
le climat de la Terre est en train de changer et que les activités
de l'homme en sont responsables.
'Les signes de l'influence humaine sont devenus tellement solides
qu'ils remplacent toutes les incertitudes qu'on pourrait avoir.
Par ailleurs, c'est tout un éventail d'informations provenant de
nombre de mesures différentes qui fait dire que le réchauffement
de la planète ne fait aucun doute, et non pas une information qui
proviendrait d'une seule source', a fait valoir M. Trenberth.
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