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10.09.07 Les règles de protection planétaire
 
L'exploration robotique des planètes du Système Solaire obéit à des règles de protection planétaire draconiennes, notamment pour les engins de surface. Dans le cas de Mars, elles sont poussées à l'extrême tant que l'on cherchera à savoir s'il y a, ou s'il y a eu, de la vie de façon à éviter de l'ensemencer.

Aujourd'hui, on comprend mieux la résistance des bactéries aux conditions extrêmes du milieu spatial, ainsi qu'à la chaleur dégagée lors d'un impact météoritique et de la rentrée atmosphérique. De fait, il n'est pas exclut que des formes de vies terrestres survivent à un voyage terrestre et contaminent leur site d'atterrissage. Mais le problème est également posé dans l'autre sens ! Il n'est pas exclu que des formes de vie extraterrestres puisse contaminer notre biosphère dans le cadre de missions de retours d'échantillons.

Ces règles de protection planétaires sont les mêmes pour toutes les agences spatiales. L'article IX du Traité de l'Espace Lointain (janvier 1967) exige la non contamination des planètes et de la Terre. L'ONU a délégué au COSPAR (COmittee Of SPAce Research) le soin de prendre en charge la protection planétaire et toutes les agences spatiales se doivent de respecter les recommandations du COSPAR. A l'ESA, un groupe de travail de l'ECSS (European Cooperation for Space Standardization), auquel le CNES participe, est en train de définir une norme destinée à éviter toute contamination croisée entre les cibles du système solaire et le système Terre-Lune. Ce standard définit les niveaux de contamination acceptables et les méthodes de mesure.

Dans le cas des missions qui prévoient de poser un rover ou un lander sur Mars, ces règles exigent que les sondes répondent aux mêmes critères de propreté que les sondes américaines Viking des années 70. En ce qui concerne les missions de retours d'échantillons, les contraintes sont encore plus fortes, voire des plus contraignantes. Le COSPAR exige que tout le matériel susceptible d'être retournés sur Terre (échantillons et hardware) et qui pourrait être contaminé doit être enfermé dans un conteneur étanche dont la rupture en cas d'impact terrestre est strictement interdite.

Ces règles qui alourdissent la masse de l'engin et ont un impact sur le coût de la mission ne sont pas à prendre à la légère. Lorsqu'elles sont appliquées correctement elles peuvent éviter l'échec d'une mission de retour d'échantillons. On l'a vu en septembre 2004 lorsque la capsule de rentrée contenant les échantillons du vent solaire rapportés sur Terre par la sonde Genesis de la NASA n'a pas pu être récupérée en plein vol comme cela était prévu s'est écrasée sur la surface. Néanmoins, les conteneurs abritant les échantillons du vent solaire ont été retirés intacts de la carcasse de la capsule au grand soulagement des scientifiques.

Cela explique pourquoi tous ces engins spatiaux sont intégrés dans des salles blanches de classe 100. Il s'agit de salle où la concentration particulaire est maîtrisée afin de minimiser l'introduction, la génération, la rétention de particules à l'intérieur. Les paramètres tels que la température, l'humidité et la pression relative sont également maintenus à un niveau précis.

Dans le cas de salle de type 100, cela signifie moins de 100 particules <5 um et aucune = 5 um. Cela ne concerne que les poussières, pas les bactéries, microbes ou spores. En d'autres termes cela signifie que l'on est pas capable de stériliser un engin spatial à 100 %. De fait, le COSPAR a fixé des niveaux maximums de contamination (nombre de spores au mètre carré sur la surface extérieure d'un atterrisseur) en fonction des missions. Cela s'appelle le bioburden ou charge biologique.

La vérification se fait en essuyant des éléments de l'atterrisseur soigneusement choisis avec des chiffons stériles. es chiffons sont alors mis en culture et après avoir compté le nombre de colonies de bactéries qui se sont développées on en déduit par extrapolation si les seuils maximaux fixés pour la mission ont été respectés ou dépassés. C'est ce qui a été fait pour les sondes Viking, Pathfinder, les rovers MER et même Beagle2.

Un résumé des règles édictées par le COSPAR se trouve ici : http://cosparhq.cnes.fr/Scistr/Pppolicy.htm


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